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Rencontre avec Mirabelle, garde forestière transgenre

 30 juin 2022 13:00  


Depuis la loi transgenre du 1er janvier 2018, les demandes de changement de genre sur la carte d’identité ont explosé. En 2020, 414 nouvelles demandes ont été enregistrées en Belgique. C’est environ 300 de plus qu’en 2017. Chez nous, Mirabelle Daine est une femme transgenre qui s’assume aujourd’hui pleinement mais son parcours n’a pas pour autant été un long fleuve tranquille. 

Mirabelle est née un matin de juillet 2017. Après une vie en tant qu’homme, une vie de petit garçon, d’adolescent, de mari et de père. Un chapitre s’est refermé mais le livre continue de s’écrie au féminin cette fois. 

Le genre c’est vraiment une construction sociale avec des marqueurs de genre que l’on essaye de déconstruire de plus en plus. Les jouets roses pour les petites filles les armes pour les garçons. Moi, je dissocie clairement le genre du sexe."

 "Moi, continue Mirabelle Daine, je conçois quand même une société non binaire. Il n’y a pas que homme femme donc il y a des personnes transgenres qui sont totalement binaires …moi je me considère femme avant tout et une femme transgenre, ça j’assume totalement!"  

"C’est apparu très très tôt. Un moment donné je pensais que c’était à l’adolescence mais en réfléchissant je pense que même pendant l’enfance , il y avait des signes… Maintenant, il m’a fallu le temps de réaliser, de comprendre aussi, d’accepter, c’est pas évident,  et une fois que c’est accepté et bien aussi d’assumer. Pour ma part, il m’a fallu 45 ans, donc c’est très très long! Ça je regrette quand même de ne pas avoir franchi le cap plus tôt. "

Longtemps Mirabelle sera tiraillée entre l’envie d’avancer et la peur d’être rejetée par sa famille mais aussi la crainte de perdre son travail. La force de franchir le pas elle la trouvera auprès d’autres personnes transgenres. Si Mirabelle travaille au DNF depuis 17 ans, elle est garde forestière sur le cantonnement de Spa depuis 3 ans à peine un changement de fonction au sein de l’administration qui coïncide avec sa transformation ce qui a sans doute facilité les choses pour elle comme pour ses collègues dans un milieu qui reste somme toute plutôt masculin et conservateur. 

 « Pour nous, c’est pas trop difficile parce que Mirabelle est arrivée dans la brigade en étant déjà Mirabelle, donc on n’a pas connu comme ses collègues du cantonnement voisin une transformation, poursuit Pierre Larose, agent DNF à Spa. Donc nous voilà ça fait partie de ses choix. C’est une fille. C’est une dame.  Appelez-la comme vous voulez et puis c’est tout!"

 "Dire que j’ai pas eu peur, c’est faux, poursuit Nicolas Denuit  - DNF  - Chef de Cantonnement à Spa.  Evidement que j’ai eu des a priori. Mais ces a priori ont vite été effacés par rapport au professionnalisme de Mirabelle. Moi, ce qui m’importait c’était qu’elle ne puisse pas être freinée dans son travail, qu’elle puisse ne pas être déçue de certains comportements à tel point que son travail ne puisse pas se faire. Tout ça je n’ai pas ressenti. Donc finalement, je ressors très positif par rapport à cette expérience et puis maintenant, je vais dire ça roule!" 

Les choses bougent lentement mais sûrement. Il y a quatre ans, les procédures administratives ont été assouplies. La loi autorise en effet aujourd’hui, les personnes transgenres à demander la modification de leur sexe et de leur prénom sur les actes de l’état civil  mais aussi au registre national et ce, sans devoir remplir de conditions médicales particulières. Aussi l’entrée en vigueur de la nouvelle législation a considérablement augmenté le nombre de demandes. Rien qu’en 2018, ce sont près de 750 demandes qui ont été introduites. Depuis, ce nombre est moindre mais quand même toujours 4 à 5 fois supérieure à ce qu’il était auparavant.  Le chemin reste difficile.  Il a été long pour Mirabelle mais il en valait la peine! (Abi) 

Mirabelle Daine sera l’invitée de la Maison Arc-En-Ciel à Verviers pour évoquer les transidentités féminines et ce, dans le cadre d’un émission radio enregistrée le 12 juillet prochain et diffusée le 20 juillet dans l’émission Queer Identity sur Div radio sur le 93.6! 








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