L'été, c'est le temps des kermesses. Cette tradition perdure malgré l’évolution de notre société et l'abondance des divertissements. Daniel et son fils Gérard sont verviétois et forains depuis des dizaines d’années. Plus qu'un métier, un mode de vie !
À Petit-Rechain, la place Xhovémont se remplit doucement. Les forains arrivent au compte-gouttes à l’occasion de la kermesse qui ouvrira ce samedi. Le Luna Park, le stand de tir et l’incontournable pêche aux canards sont déjà là. Plus bas, carrousel, friterie et autres plaisirs gourmands ont, eux aussi, pris leur quartier. De leur côté, Daniel Jamar et son fils Gérard ont ancré leur caravane à l’ombre de l’église Saint-Martin. Hier et aujourd’hui encore, ils s’attèlent avec d’autres forains venus leur prêter main-forte au montage de leur attraction. Daniel Jamar est dans le métier depuis bientôt 50 ans. Il y est entré par hasard et y est resté par amour.
J'avais 17 ans à l’époque, — explique Daniel Jamar — et je suis rentré dans un univers que je ne connaissais vraiment pas, mais qui m’impressionnait. J'ai eu plaisir à venir travailler malgré la dureté du travail. Et, par la force des choses, en étant dans le milieu, souvent, c’est ainsi que j'ai rencontré mon épouse et que nous avons fait notre vie ensemble pendant plus de 35 ans et, je continue avec mon fils.
J’ai toujours vécu en caravane avec mes parents et puis avec ma grand-mère — poursuit Gérard. Je ne me vois pas vivre dans une maison. Ma maison, elle roule ! Quand on reste trop longtemps sur place, on s'ennuie de toute manière. Donc, j'aime bien le changement. J'aime bien de voir les gens, j'aime bien voir d’autres visages, pas tout le temps les mêmes. On fait de belles rencontres et on profite de chaque instant.
Daniel et son fils exploitent depuis toujours les fameuses autos-tamponneuses. Cette attraction née aux États-Unis dans les années 20’ est apparue chez nous après la Seconde Guerre mondiale. En 1947, les beaux-parents de Daniel troquent leur chenille pour les autos-scooters, une attraction qui séduit aujourd’hui encore.
Il y a un an, la culture foraine était inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Les traditions et le mode de vie de milliers de forains installés en Belgique étaient ainsi reconnus de manière officielle.
C’est vraiment agréable d'être reconnu et apprécié — avoue Daniel —. Au début, il faut bien vous dire que les premiers dentistes, c'étaient des forains, les arracheurs de dents comme on les appelait, c'était comme ça. C'était comme les baladins, les ménestrels en fait, qui divertissaient les nobles dans le temps. Aussi, cette reconnaissance, c’est une façon de protéger et de maintenir les traditions
Tributaire des caprices de la météo, de la conjoncture économique ou encore dernièrement des changements du calendrier scolaire, le métier de forain reste malgré tout rentable.
Il y a des hauts et des bas comme dans tout. Je pense — dit Gérard-, qu’on est quand même gâtés un peu par la vie parce qu’on a une vie de nomade et qu’on s'amuse bien. On rigole. On voit les gens et comme je dis : oui ! C’est un travail, mais c'est plus un mode de vie. Maintenant, c'est sûr, qu'on fait ça aussi pour gagner de l’argent. On gagne plus ou moins la même chose, ça ne change pas beaucoup d’une année à l’autre.
Aujourd’hui à Petit-Rechain, le WEEK-END prochain à Ensival; de mars à novembre, père et fils enchaînent les kermesses, une petite trentaine, toutes situées pour la plupart dans la province de Liège. Un travail difficile physiquement, mais qui offre aussi une liberté que père et fils n’échangeraient pour rien au monde. Plus qu’un métier, c’est un mode de vie qui leur donne encore aujourd’hui l’envie de se lever tous les matins pour apporter un peu de magie aux gamins, des gamins qui, dans bien des villages, les attendent comme les messies !
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