En prélude à la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes qui aura lieu jeudi, le conseil consultatif communal des femmes de Verviers a présenté ce matin les résultats d’une enquête qui démontre que le phénomène est réel. Et qu’il a encore été accentué par les derniers confinements.
L’enquête menée par le Conseil Consultatif Communal des Femmes entre décembre 2020 et février 2021 a questionné 245 personnes. Sur les 167 femmes qui ont répondu au questionnaire, 82,6% affirment avoir déjà été victimes d’une ou plusieurs formes de violence.
Sans surprise, elles se déroulent principalement dans le milieu domestique ou dans la rue. Un phénomène encore aggravé par les derniers confinements qui fragilisent davantage les femmes victimes de violences conjugales. "Ce phénomène, on ne l’a pas perçu directement. Maintenant que les choses se normalisent un peu, des situations nous reviennent. Avec peut-être ce trop-plein et des situations qui explosent", explique Rémi Gueuning, Porte-parole Groupe de Travail « Violences faites aux femmes ».
Effets positifs de la médiatisation
Par crainte ou parce qu’elles sont enfermées dans une spirale infernale de violence, les femmes victimes de violences hésitent parfois à déposer plainte. Question : la médiatisation pourrait-elle avoir des effets positifs ? "La médiatisation fait plutôt du bien car elle permet de prendre conscience que je peux être dans une situation de violence et à ce moment-là de pouvoir solliciter une aide. La difficulté étant parfois de savoir où demander une aide pour pouvoir sortir de situations compliquées", explique encore Rémi Gueuning.
Et justement, à qui faire appel à l’aide ? Dans 60% des cas selon l’enquête, c’est à la police qu’on s’adresse en premier. Encore faut-il que les professionnels appelés à aider adéquatement une femme victime de violence se sentent suffisamment formés. Or, ce n’est pas le cas. "L’enquête s’adressait également aux professionnels. Un des constats prioritaires, c’est de se rendre compte que les professionnels manquent de formations pour certains types de violences. Et ainsi pouvoir répondre de manière adéquate aux demandes. Il est donc important de pouvoir mettre en place des cycles de formations à destination des professionnels pour permettre l’accès à ces thématiques et ainsi favoriser une dynamique de réseaux", poursuit Rémi Gueuning.
Un cycle de formations à Verviers
En décembre 2019, le Conseil Communal de Verviers adoptait une motion portant sur la lutte contre les violences faites aux femmes. Sur base des résultats de cette enquête, des actions vont être mises en place. " Parmi les pistes d’action, il y a la mise en place de groupes de parole qui vont débuter dès cette semaine et ainsi permettre à des personnes victimes de pouvoir s’exprimer librement. Nous allons ausis initier un cycle de formations qui se tiendra à Verviers ", explique Sophie Lambert, Echevine des Droits des femmes.
Ce jeudi aura lieu la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Jusqu’au 3 décembre, les locaux du CRVI accueillent une exposition choc sur la culture du viol. Samedi prochain, de nombreuses chaussures rouges, symboles de l’engagement contre les violences faites aux femmes, envahiront l’espace public Place du Marché. La parole se libère mais pour mettre fin aux agressions, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. (Manu Yvens)