Lever de rideau sur le Royal Festival de Spa

Créé une première fois en 2001, le spectacle Le Dragon, tel le phénix, renaît dans une nouvelle mouture que l’on doit toujours à la même équipe. Après avoir été monté et joué un mois durant au Théâtre du Parc à Liège, Le Dragon a posé ses valises à Spa et s’installe sur le plateau du théâtre Jacques Huisman. 

Dans ce spectacle, rien n’a été laissé au hasard. Tout a été réfléchi pour faire sens. Mise en scène et scénographie ont été travaillées de concert non seulement pour servir le texte mais aussi l’intention des créateurs complices que sont Axel de Booseré et Maggy Jacot. 

C’est un conte - précise la scénographe Maggy Jacot - et, tout est permis dans un conte. On a un dragon qui parle, qui prend des formes humaines. Il y a un chat qui parle aussi, enfin il y a plein de choses qui font que, pour nous, c'est un terreau formidable pour inventer. On adore ça ! Raconter des choses au travers des images, mais des images de toutes sortes que l'on crée. Et tout ça donne une force dramaturgique pour peut-être, on l'espère, emmener le public dans une espèce de réflexion qui passe aussi par le plaisir.

À quelques heures de la première, les comédiens prennent leurs marques et renouent avec leurs personnages. 

Le maquillage c'est comme un rituel  - confie le comédien Thierry Janssen –. Tous les soirs, on retrouve l'équipe. Ça c'est le premier rituel. Et puis après, on passe au maquillage et c'est vrai que c'est un moment où on retrouve son personnage. On se dit : "ah oui, Henry ! C'est lui donc". Et puis, c'est vrai que c'est un moment un peu paisible. On discute, on parle et, en même temps, quand ce sont des maquillages aussi marqués que celui ci, on a un peu l'impression que le personnage renaît au fur et à mesure, donc c'est chouette de le retrouver. 

J'ai la chance - poursuit Karen De Paduwa - de  jouer plein de personnages différents et donc j'ai plein de petits personnages. Je joue la directrice. Je vais jouer une des meilleures amies d'Elsa. Je vais jouer un citoyen, je vais jouer un artisan. Et puis je reviens en ministre des prisons. J'ai plein de petits personnages et c'est l'éclate totale ! 

Écrite durant la Seconde Guerre mondiale par le journaliste et dramaturge russe Ivgueni Schwartz, cette pièce résonne aujourd’hui encore et sonne comme une urgence à sortir de la douce mais sournoise léthargie qui nous enferme et nous contraint à vivre sous influence…

Ce qui est formidable - explique encore Maggy Jacot - , c'est que c' était tout juste dans les années 40' et maintenant, c'est exactement les mêmes mécanismes de mensonge, de fakes news, de corruptions de toutes sortes et aussi la même difficulté qu'a la population de réagir. Il y a tous ces mécanismes qui sont bien préparés et bien mis en place pour que la population, petit à petit s'habitue et ne réagisse plus. C'est de tout cela que nous parle la pièce ! 

Le théâtre pour moi, c'est un miroir de la société - ajoute Thierry Janssen  - Le théâtre ne fait pas changer les choses, mais il peut faire évoluer les questionnements sur notre humanité et sur la société.  Et donc je crois que c'est à ça qu'on sert, non pas à donner des réponses, mais à poser des questions ? 

Le Dragon est un conte fantastique et politique qui s’adresse à un large public tant les niveaux de lecture sont différents, une histoire portée par un texte fort, ciselé à la fois drôle et cruel;  le tout servi par une mise en scène et des comédiens engagés à souhait !