Avec le retour du soleil, les tracteurs ont envahi les champs. Les agriculteurs de notre région disposent de quelques jours seulement pour couper, sécher et récolter l’herbe. Plus tard, elle sera trop haute et de moindre qualité. Pire : la pluie annoncée jeudi pourrait gâcher toute la récolte. Du coup, les machines agricoles tournent à plein régime. C’est une véritable course contre la montre.
"Tout le monde attendait impatiemment le beau temps. Cela a démarré samedi jusqu’à, apparemment, mercredi. Vu que c’est une fenêtre assez courte, il y a beaucoup de boulot", constate Olivier Jost, chauffeur agricole indépendant.
Les agendas des entreprises agricoles surchargés
L’agriculteur jalhaytois Julien Mathieu, lui, est soulagé de voir le préfané s’accumuler dans la cour de sa ferme à Royompré. Si la météo est favorable, encore faut-il réussir à bloquer une entreprise agricole.
"A la première coupe, tout le monde se presse. Surtout, une année comme ceci, explique Julien Mathieu. Le plateau de Herve, l’Ardenne liégeoise - Jalhay, Sart, Solwaster... - récoltent en même temps donc, toutes les entreprises sont full, full, full".
Une récolte aux enjeux financiers très importants
Dans notre région où l’herbe est l’aliment principal du bétail, cette récolte est capitale. Elle conditionne la réussite financière de l’exploitation l’hiver. L’an passé, suite aux sécheresses, Julien Mathieu a dû consacrer 30% de son chiffre d’affaires à l’achat de fourrage. Cette année, la pluie est tombée suffisamment. Mais trop longtemps. Les machines sont entrées en action 2 à 3 semaines trop tard. Les herbes sont montées en épi et auront moins de valeur nutritive. Une des trois à 4 récoltes annuelles est peut-être aussi compromise. Le pire serait une pluie qui viendrait gâcher tout... Car, faire du bon préfané, c’est un peu comme faire du bon vin...
Faire du bon préfané, c’est comme faire du bon vin
"La récolte d’ensilage, c’est une fermentation où se disputent les bactéries: les bonnes contre les mauvaises. Clairement, il est certain que si on récupère le fourrage souillé au sol parce qu’il est mouillé et que la terre colle autour, on va ensemencer la mauvaise bactérie dans l’ensilage, détaille signale l’agriculteur jalhaytois. Le commun des voisins des agriculteurs va dire en hiver: "Quelle odeur! Qu’est-ce qu’il a encore fait?" et bien, c’est une mauvaise fermentation qui s’est passée dans l’ensilage. Donc cette fenêtre de temps est très précieuse".
Ils travaillent nuit et jour et sont parfois critiqués par des riverains
Des contraintes météorologiques et temporelles pas toujours comprises par les riverains. Ceux-ci se montrent parfois très critiques, lorsqu’ils entendent un tracteur travailler de nuit.
"Nous nous excusons auprès de la société rurale parce que c’est vrai que nous travaillons jour et nuit. Hier, mon tracteur a travaillé 14 heures sur la journée, mais c’est une des conditions pour leur offrir un paysage magnifique, une odeur dans les prairies qu’on ne trouve dans aucune parfumerie et un lait de qualité en hiver", souligne Julien Mathieu.
Cette année, la première récolte est exceptionnelle en quantité. De quoi permettre à nos agriculteurs un peu de sérénité. En moyenne, 4.500 kilos de matière sèche sont récoltés par hectare à la première coupe contre 2.500 kilos l’hectare les récoltes suivantes. Les agendas des entreprises agricoles sont du coup moins surchargés le reste du printemps et de l’été... (Aurélie Michel)
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