Un palais de justice endormi ce matin, mais la grogne est en surchauffe

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Un palais de justice endormi ce matin, mais la grogne est en surchauffe

C’était ce matin le calme plat au Palais de Justice de Verviers. Aucune audience ne s’est tenue réellement, tous les dossiers prévus étant remis... en octobre prochain, en ce qui concerne le tribunal correctionnel.  Mais la grogne s’intensifie.

Magistrats, membres du Parquet, greffiers, employés, tous sont solidaires pour se joindre à des doléances communes qui touchent aux conditions de travail et au fonctionnement de la justice. Et leur action ne se limitera pas à la journée d’aujourd’hui, car le mot d’ordre général est de ne plus traiter que les dossiers urgents, jusqu’à nouvel ordre, sauf quelques exceptions, notamment en ce qui concerne les dossiers de mœurs. C’est ainsi qu’au niveau du tribunal correctionnel, les huit dossiers prévus ce matin ont été remis en octobre, seuls les dix huit jugements prévus étant prononcés.

Pas plus qu'une caissière chez Aldi

Nous nous sommes intéressés plus particulièrement à la situation des greffes, qui se plaignent depuis des années surtout d’un manque de personnel fiable. « Nous ne sommes que deux employés temps plein au greffe du tribunal correctionnel, les trois autres étant des temps partiels, ou encore des emplois qualifiés de cash flow, c’est-à-dire limités dans le temps, quelques mois avec un maximum de deux ans. Le temps de les former, et ils disparaissent tout aussi vite. Et si on trouve quelqu’un de fiable, au bout de deux ans, c’est irrémédiablement terminé » nous confie-t-on. « Certains employés des greffes ne gagnent pas plus qu’une caissière chez Aldi » nous dit-on d’autre part.

Travailler même malade

Du côté des greffiers d’audience, c’est aussi un ras le bol généralisé. Le cadre fixé est ancien, et ne correspond plus du tout aux besoins actuels, et encore, il est rare qu’il soit complet, les places vacantes n’étant pas comblées. Et puis, il y a la surcharge de travail, qu’il n’est pas rare d’effectuer en soirée ou les week-ends. « Il arrive souvent qu’on vienne travailler même malade » nous confie une greffière. Une autre nous avoue s’être levée à cinq heures du matin pour imprimer les jugements du jour.

Bref, les récriminations ne manquent pas, et pleuvent densément. Et on ne parlera même pas des lieux de travail, des fissures dans les murs, des cloisons mêmes pas peintes, des fenêtres qui ne s’ouvrent plus, des dossiers qui s’accumulent un peu partout. Toute cette grogne ne risque pas de s’éteindre de sitôt, mais au contraire de s’amplifier, au vu des mesures d’économie qu’a l’intention de prendre l’actuel gouvernement.


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