À Jalhay, le producteur de sapins de Noël Michaël Rood a fait le choix d’une culture naturelle, sans produits chimiques. Pour entretenir ses plantations, il mise sur ses moutons avec l’objectif de concilier production, environnement et respect du paysage.
À première vue, impossible d’entrer dans l’enclos sans être repéré. Les chiens de protection du troupeau de Michaël Rood veillent au grain. Mais après quelques secondes, ils comprennent que nous ne sommes pas des loups. Ici, pourtant, les chiens ne sont pas au cœur du dispositif.
Des moutons plutôt que des herbicides
Là où de nombreux producteurs ont recours aux herbicides, Michaël Rood a fait un autre choix : celui de confier l’entretien de sa plantation de sapins de Noël à des moutons de race Shropshire. En dehors de la période de repos hivernal, ils maintiennent l’herbe rase, circulent entre les arbres et fertilisent naturellement les sols.
Résultat : les jeunes sapins restent dégagés, bénéficient de lumière et de nutriments, sans qu’aucun produit chimique ne soit utilisé. « Mon père, à l’époque déjà, n’était pas favorable aux produits chimiques. On n’avait pas vraiment d’alternative, à part la fauche mécanique. On a aussi connu beaucoup de dégâts de gibier, ce qui nous a obligés à clôturer les parcelles. On s’est alors dit : pourquoi ne pas essayer les moutons, pour valoriser la végétation et la transformer en humus afin de faire pousser les sapins », explique le producteur.
Une culture naturelle… mais pas sans contraintes
Aucun pesticide, aucun herbicide, aucun régulateur de croissance : ici, les sapins poussent de la manière la plus naturelle possible. Cette méthode permet aussi de limiter l’usage des machines et de réduire la consommation de carburant.
Mais cette approche écologique comporte également des difficultés. « Notre plus gros problème depuis trois ans, c’est le retour du loup. Dans les parcelles de sapins de Noël, il est difficile de contrôler chaque jour le nombre exact de moutons. On doit donc recourir à des chiens de protection, qui ne sont malheureusement pas financés par la Région wallonne. On n’a aucune aide », déplore Michaël Rood.
Douze ans de croissance pour un sapin
Difficile à imaginer : tous les sapins visibles dans la plantation ont été plantés la même année. Il faut près de douze ans pour qu’ils atteignent leur taille définitive avant d’être proposés à la vente, directement à la ferme.
Sans régulateurs de croissance, leurs cimes sont plus longues que celles des sapins traités chimiquement, souvent parfaitement coniques. Une petite imperfection qui ne semble toutefois pas freiner la clientèle.
Des clients venus de loin pour du 100 % naturel
De nombreux clients viennent précisément à Jalhay pour ces sapins 100 % naturels, parfois après avoir parcouru de longues distances. Autrefois, les arbres étaient livrés jusqu’au sud de la France. Aujourd’hui, ce sont les clients qui se déplacent directement jusqu’à la plantation. Et à qualité égale, les sapins ne sont pas plus chers que ceux d’autres producteurs.
Un modèle tourné vers l’avenir
Michaël Rood pense déjà à la prochaine génération. Pour lui, sa plantation illustre ce que pourrait devenir, demain, la production de sapins de Noël : une activité en harmonie avec la nature, le climat et une conscience environnementale de plus en plus présente.
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