
Simone Schauss-Luyks est née fin 1932 à Francorchamps. Elle est la benjamine et seule personne toujours en vie d’une fratrie de quatre. Bien que son rêve ait toujours été d’être infirmière à l’hôpital de Verviers, elle n’a pu, vu les déplacements dangereux pendant la seconde guerre, choisir que «coupe et couture» à l’école communale au village ; ce qui vint parfaitement à point dans les années 60-70 avec quatre filles à habiller. Malheureusement, à 40 ans, elle s’est retrouvée veuve et a dû aller travailler. Directement elle a pensé à aller travailler à l’hôpital de Verviers mais les longs trajets quotidiens en bus ont eu raison de son engouement. Jusqu’à sa pension elle à travaillé dans un hôtel puis dans un commerce au village. Pendant ce temps, et jusqu’à ses 85 ans, nous l’avons toujours vue active à la maison de la cave au grenier en passant par le jardin. Il y a deux ans , elle quitte sa maison pour une vie en appartement. Toujours très active, la crise du Covid 19 lui a permis de se lancer dans la confection de masques et de tabliers de protection. Portrait d’une confinée hyper-active, exemple de dévouement et de solidarité !
-Simone Schauss-Luyks, comment vivez-vous votre confinement ?
Une de mes filles est décédée inopinément fin janvier et j’ai abordé le confinement dans le deuil, mais avec des voisins bienveillants. Ma fille ainée dépose les courses alimentaires devant ma porte qui reste bien fermée, me protégeant ainsi du virus. Je n’ai donc plus ni visite familiale ni médicale depuis la mi-mars mais je communique par téléphone. Dès le début de la pandémie, je me suis fixée un objectif : nous protéger tous (famille, voisins, amis) en cousant des masques que j’ offre. Une de mes filles m’ a fourni un modèle imprimé et s’occupe des envois postaux hebdomadaires vers les bénéficiaires. Quand je suis en rupture d’élastique, je dois attendre une livraison postale et j’en profite pour faire le nettoyage de printemps. A ce jour, j’ai découpé, plié, cousu, lavé, repassé et emballé plus d’une centaine de masques, dans différentes tailles et couleurs. Depuis peu, j’ai aussi entamé un autre projet pour le CHU de Liège : coudre une vingtaine de tabliers (chirurgicaux) par semaine. Je suis assise minimum 8 heures par jour derrière ma machine à coudre, weekend inclus : le rêve d’être infirmière ne m’a jamais quittée.
-Le regard que vous portez sur cette période ?
Depuis la mi-mars, je pressentais que le confinement allait durer quelques mois mais vu que j’avais prévu de quoi m’occuper utilement et pour la bonne cause, je ne panique pas et je me concentre sur mon travail et mes objectifs. J’écoute les nouvelles à la radio à petites doses pour garder le moral et le bon cap.
-Certains disent que c’est la pire époque depuis un siècle... Vous qui, jeune, avez connu la guerre 40-45, qu’en pensez-vous ?
Avec le décès récent de ma fille, je relativise très bien et je trouverai toujours plus malheureux(se) que moi. Je résiste en silence, je ne me plains pas et n’aime pas trop ceux qui se plaignent sans raison. Ce serait une perte de temps et d’énergie. Il faut agir à la mesure de ses moyens. Des vies peuvent être sauvées et j’y participe activement à ma façon. Il en va de ma propre fierté. Pour le reste, je fais confiance à la médecine et à la technologie pour trouver une solution, quel qu’en soit le prix pour la communauté. La santé avant tout.
Ce qui m’a le plus choquée, ce sont les razzias dans les supermarchés les premiers jours et le discours du Président Macron parlant de «guerre».
-Quel regard portez-vous sur le traitement réservé par notre société aux personnes plus âgées ?
J’ai, comme beaucoup de gens de ma génération, du respect pour qui «est arrivé» et a bien gagné sa vie (de préférence honnêtement), je trouve qu’il y a beaucoup trop d’injustices sociales. Qui n’a «rien mis de côté» pour ses vieux jours, qui n’a pas soigné préventivement sa santé, qui n’est pas resté digne, coquet(t)e et fier(e) et qui a fait trop d’abus sera marginalisé à sa pension, n’aura pas assez d’énergie et aura bien du souci à boucler les fins de mois. Les homes privés un peu convenables sont hors de prix pour qui a travaillé seul(e) toute sa vie et les homes publics sont démoralisants et pas toujours respectueux des anciens.
-Que ferez-vous le premier jour du déconfinement ? Avez-vous peur de l’épidémie ?
Je vais rester méfiante assez longtemps et éviter les contacts sociaux trop rapprochés. Je ne prendrai pas de risque inutile pour ma santé.
-Ce qui vous manque le plus actuellement ?
Ma fille décédée fin janvier… le chant des oiseaux le matin… les réunions de famille et avec mes nouveaux voisins.
-Que lisez comme ceci ?
Je n’ai pas le temps de lire actuellement mais je prévois l’achat d’une nouvelle machine à coudre. Je pense que la lecture du mode d’emploi, après presque 50 ans de fidélité à la même machine à coudre, me sera bien utile.
-Quel message voulez-vous envoyer aux plus jeunes ?
Ne perdez pas de temps à vous morfondre. Pensez qu’il y a toujours pire que votre propre situation. Comptez beaucoup sur vous-même, évitez d’être assisté(e)s à vie…Vous êtes plus fort(e)s que vous ne le pensez. Osez changer de cap pour gagner en indépendance. Fixez-vous des objectifs et agissez. Epargnez votre énergie pour des actions utiles et prévoyez, dès à présent ,votre avenir qui a l’air lointain mais ne l’est pas du tout.
Propos suscités par Urbain Ortmans et diffusés le 15 mai 2020.
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