Il y a six ans déjà éclatait le scandale de la buvette du club de foot de La Minerie, un scandale sexuel impliquant cinq jeunes hommes et une jeune femme, qui en outre a été filmé et diffusé sur les réseaux sociaux. Et qui a viré au drame pour tous.
La soirée du 18 septembre 2019, cinq hommes se trouvent à la buvette du club de La Minerie pour fêter l’anniversaire de l’un d’eux. Ils se mettent à jouer au 421, avec un gage anodin pour le perdant. C’est alors que survient, à l’invitation de l’un d’eux, une jeune femme de 21 ans que nous appellerons Charlotte, et qui joue avec eux. Curieusement, Charlotte perd à tous les coups, et les gages deviennent de plus en plus osés, jusqu’au moment où la jeune femme se trouve complètement dénudée. S’ensuit alors une série d’actes sexuels que la justice a hésité à qualifier de viol, Charlotte ne semblant pas s’opposer à ceux-ci. Mais pire encore, la scène a été filmée par l’un d’eux et diffusée sur un réseau social, à la grande honte des participants.
Six ans plus tard, l’affaire a enfin été soumise au tribunal correctionnel, ou Denis (prénom d’emprunt) est le seul prévenu de traitement dégradant, c’est-à-dire humiliant, ce qu’il a semble-t-il du mal à digérer. Car deux autres ont bénéficié de la suspension du prononcé au stade de la Chambre du conseil.
Denis n’est autre que l’ex petit copain de Charlotte. Mis sur le grill, il raconte : « Nous avions une relation libre, c’est-à-dire sans engagement, car nous sortions tous les deux d’une rupture. Je l’appréciais, mis je n’avais aucune envie d’une nouvelle relation sentimentale. Ce soir-là, elle m’a téléphoné pour me voir. Je l’ai donc invitée à me rejoindre à la buvette du club. Sans aucune arrière-pensée, je n’aurais jamais imaginé ce qui allait se dérouler. » Mais il lui aurait quand même dit de s’habiller sexy. « J’ai dit ça par plaisanterie, encore une fois sans arrière-pensée. Ce n’est qu’après quelques verres que tout a dégénéré, et elle était consentante, car elle était la seule fille parmi nous. Je ne savais pas que quelqu’un filmait la scène, sinon je m’y serais opposé. Et encore moins qu’il la diffuserait sur les réseaux sociaux. Je regrette évidemment, je pense que les lieux n’étaient pas adéquats et que ce n’était pas bien, mais je peux assurer qu’il ne s’agit pas de déviance sexuelle de ma part.»
Une victime fragilisée
Ne pas savoir qu’il était filmé, Me Uerlings, partie civile, se permet d’en douter : « Laissez-moi rire, alors que certains participaient à la scène, tandis que les autres regardaient. Charlotte était folle de lui alors que lui n’avait rien à faire d’elle, il a joué avec ses sentiments en disant de la rejoindre. Charlotte était fragilisée par sa rupture récente, et prenait des médicaments, ce qui explique sa passivité après avoir bu de la bière. Pour elle, il s’agit d’un traumatisme absolu qui restera à jamais. Elle a même dû quitter la région à cause de cela. Mais il n’a pas un seul mot de regret envers elle. »
Un véritable lynchage
Mme Herman, ministère public, ne croit pas non plus que Denis ignorait être filmé. Le traitement qui lui a été imposé est manifestement dégradant, si même la notion de consentement peut être soumis au doute. Elle était évidemment sous emprise de Denis. Les conséquences pour elle sont atroces et dramatiques, elle a subi un véritable lynchage sur les réseaux sociaux. Elle réclame un an de prison, mais n’est pas opposée à une suspension du prononcé que solliciterait la défense.
Un prévenu honnête
Ce que ne manque pas de faire l’avocat de Denis, Me Haumont « Les autres l’ont bien eu, il a du mal avec cette idée. Pourquoi pas la même chose pour lui. De son côté, Denis est honnête en ne contestant rien et en admettant l’humiliation subie par Charlotte » Et de mettre en avant son jeune âge, son absence de casier judiciaire, et surtout l’ancienneté des faits, six ans !
« Je ne vis pas bien depuis cette affaire, mais j’imagine que pour Charlotte, c’est décuplé, ce que je regrette profondément » dit encore Denis pour conclure ce procès dont le jugement est prévu dans 15 jours.
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