C’est un procès bouleversant qu’aura vécu le tribunal correctionnel, où un urgentiste du CHR Verviers était poursuivi pour le viol digital d’une jeune fille de 17 ans. Il risquait 3 ans de prison ferme, mais il a été acquitté par le tribunal.
En octobre 2019, Emilie (prénom d’emprunt), 17 ans, est admise en soirée aux urgences du CHR de Verviers, se plaignant de douleurs abdominales et de saignements gynécologiques Elle est prise en charge par un médecin que nous appellerons Bernard. Lequel s’intéresse au sang écoulé dont la consistance peut le renseigner sur l’urgence ou non du mal. Après une prise de sang, il en avait conclu à une non gravité des saignements, et l’avait invitée à consulter son gynécologue traitant. Il va alors rassurer les parents qui attendent dans les couloirs.
Un stérilet polémique
Une dizaine de mois plus tard, Emilie dépose plainte contre Bernard non pas pour viol dont elle ne parlera que plus tard mais pour violation du secret professionnel, elle le soupçonne en effet d’avoir révélé à ses parents qu’elle portait un stérilet, ce qu’elle leur avait caché vu son jeune âge.
Devant le tribunal, Bernard s’en défend avec énergie. « Jamais de la vie je n’ai fait ça, puisque je ne le savais pas ! Je ne l’ai appris que le lendemain, en consultant son scanner. » La chambre du conseil abandonnera d’ailleurs cette prévention. Mais pas celle de viol, dont Emilie l’accusera dans une audition ultérieure. Il aurait selon elle introduit des doigts à trois reprises dans son intimité. Ce que devant le tribunal il avait réfuté absolument : « Bien que j’avais toutes les compétences pour le faire, je m’interdis d’examiner gynécologiquement une femme, pour la bonne raison que je suis un homme et que je sais que des femmes répugnent à se faire examiner par un homme. Dans ce cas précis, j’appelle une collègue féminine » dit-il dans un long plaidoyer poignant, pendant lequel sa voix se brise à plusieurs reprises. Et c’est en pleurs qu’il termine en disant : « Je n’ai jamais touché cette fille. Vous pouvez me condamner à vie, à mort même, que je dirais la même chose. » Et de décrire l’enfer qu’il a vécu pendant les 7 jours de détention préventive qu’il a dû subir.
20 patients à traiter par nuit
Et les contradictions dans ses différentes déclarations avancées par le ministère public ? « Un médecin urgentiste doit traiter en moyenne 20 patients par nuit. Ma première audition n’a lieu qu’en 2021, soit 2 ans plus tard, puis une autre en 2022. Il faut imaginer les centaines de patients qui ont défilé, je ne pouvais me souvenir des détails. D’autant plus qu’on était en pleine période du covid, que j’ai fini par attraper moi-même ».
Mais le ministère public n’est pas convaincu, s’appuyant sur des zones d’ombre du dossier, des ambigüités et la description très précise des faits par Emilie. Pour lui, il cherche à noyer le poisson. Si l’acte était normal, pourquoi le nier ? Et de réclamer trois ans de prison ferme.
Un acquittement assez logique ?
Ses avocats, Me Marion et Reynders, sont vent debout contre ce réquisitoire. « Même s’il avait fait cet examen gynécologique, où est le mal, où est la faute ? Comment imaginer qu’il aurait eu une pulsion sexuelle pareille ? Tout le dossier repose en fait sur cette fameuse violation du secret professionnel dont elle le soupçonne, et dont elle se serait vengée, mais qui n’est pas retenue à sa charge. » Et de révéler qu’une année avant, Emilie aurait déjà été victime d’un viol, un dossier classé sans suite. Ils réclament avec confiance l’acquittement du docteur, faute d’éléments concrets.
Et ils l’ont obtenu, le tribunal estimant qu’il fallait prendre les accusations tardives d’Émilie avec prudence, et donc non établies.
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