Le Royal Club Wallon a sorti le premier tome de son dictionnaire français-wallon de Malmedy et de Waimes. Un travail de longue haleine qui se poursuit encore aujourd’hui puisque les tomes 2 et 3 sont en préparation.
C’est dans un petit local situé au premier étage du Malmundarium que, chaque semaine, quelques membres du Royal Club Wallon se consacrent à un travail aussi discret qu’essentiel : la rédaction d’un dictionnaire français-wallon en trois volumes. Une première dans la mesure où par le passé les ouvrages de référence allaient plutôt du wallon vers le français. La fondation du club date de 1898 et s’apparente à l’époque à un acte de résistance, comme l'explique Jacky Lodomez, Vice-Président du Club.
À cette époque, après 1870, Malmedy était prussienne, donc allemande. Le club a été fondé pour s'opposer à la germanisation forcée des communes qui formeront plus tard les Cantons de l’Est. Ce mouvement de résistance s’est poursuivi jusqu’à la Première Guerre mondiale. C'est d'ailleurs grâce à l’action du club wallon que Malmedy est redevenue la commune francophone et romane qu'elle était à l’origine.
Si le français est resté la langue administrative et officielle, le wallon est demeuré longtemps la langue du quotidien.
Le wallon, une langue vivante mais fragile
Jusqu’aux années 1920, le wallon demeure la langue parlée par le plus grand nombre. L’enseignement obligatoire en français supplante peu à peu l’usage du wallon à l’oral également. Toutefois à Malmedy, le wallon continue à vivre à travers son folklore, notamment d’où l’envie des membres du club de la fixer par l’écrit pour la transmettre et ne pas la perdre…
Actuellement, de nombreuses langues disparaissent dans le monde parce qu'elles ne laissent aucune trace écrite. L’un des objectifs majeurs de ce travail est de maintenir et d’enrichir ce patrimoine. Ce dictionnaire sert véritablement de passage de témoin entre les générations.
Un travail scientifique et collectif
La rédaction du dictionnaire est dirigée par René Boulangier, linguiste, avec l’appui de nombreux témoins et locuteurs du wallon de Malmedy et de Waimes. L’ouvrage s’inspire de la structure du Petit Robert, tout en tenant compte des spécificités de la langue régionale. Tous les mots français contemporains n’ont cependant pas d’équivalent en wallon, notamment dans les domaines techniques et scientifiques.
Certains termes passent inévitablement à la trappe, en particulier ceux liés aux sciences et aux techniques. A contrario, nous avons perdu beaucoup de mots wallons qui étaient liés aux métiers d’autrefois, car les travailleurs de l’époque utilisaient un vocabulaire très spécifique. Aujourd'hui, le monde a changé et ces termes sont remplacés par des mots modernes qui n'ont pas de pendant en wallon.
Quand le wallon invente ses propres mots
Face à l’évolution du monde moderne, la langue wallonne ne reste pas figée. Elle s’adapte, parfois en créant de nouveaux mots à partir du français.
Si l'on prend l'exemple du mot “télévision”, il est absent des anciens dictionnaires wallons. Le terme qui a été adopté en wallon est “télévusion”, car il intègre la notion de “vision” (avoir une vision). C'est ce que l'on appelle un néologisme wallon.
Un projet au long cours
Il aura fallu près de 30 ans de travail pour voir aboutir le premier tome de ce dictionnaire français-wallon. Les deux volumes suivants sont attendus pour 2026 et 2027. En attendant, les recherches, les échanges et l’écriture se poursuivent avec la même rigueur et la même passion. Un travail de mémoire, mais surtout une œuvre de transmission, pour que vive le wallon !
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