La transsexuelle condamnée pour violences envers sa famille

Une femme originaire de Theux était poursuivie pour une série d’actes violents vis-à-vis de membres de sa famille, causés selon elle par le choix de vie qu’elle a fait, car elle était jadis un homme.

C’est une histoire peu ordinaire qui s’est déroulée au tribunal correctionnel de Verviers, où l’on examinait une affaire concernant une dame de 40 ans que nous appellerons Catherine, mais qui a la particularité d’avoir été autrefois un homme. Ce qui lui a valu beaucoup de bisbrouilles avec sa famille au point d’avoir été condamnée par défaut (en son absence donc) en mars 2022 à un an de prison ferme pour destructions mobilières, coups et blessures à son père et à son frère, harcèlement et rébellion, ainsi qu’un séjour à Lantin qui a été source de beaucoup de déboires, on s’en doute.

Catherine a fait opposition à ce jugement, ce qui a donné une audience haute en couleurs, que la juge Laurence Rocour d’ordinaire si placide a eu du mal à maîtriser, tant l’impulsivité de la dame est grande. Comme quand au cours de son interrogatoire, elle a claqué la porte du tribunal, énervée et en pleurs, cependant vite ramenée à la raison par son avocat Me Wynants.

Une famille toxique et invivable

Pour se défendre, elle évoque une famille toxique, avec un père alcoolique et toxico, qui ne l’a jamais aimée, un frère manipulateur,, des coups réciproques, des insultes incessantes même de la part des policiers. Comment ceux-ci pouvaient-ils savoir qu’elle était transgenre ? « Tout le monde le savait à Theux. Et puis, mon frère est lui-même policier, un policier pervers et ripou. »

M. Seret, ministère public, invoque la multiplicité des faits (11 en tout) et son absence de remise en question pour réclamer le maintien de la peine. « Tout le monde avait peur d’elle, au point que ses parents devaient s’enfermer dans leur chambre ». La partie civile demande pour sa part qu’il lui soit interdit d’approcher sa famille. Me Wynants évoque le cadre familial particulier, dur, invivable que Catherine a dû subir depuis l’âge de 12 ans, que son propre frère décrit comme baignant dans une ambiance de merde, avec un père toujours bourré. Elle a très mal vécu son licenciement d’une maison de repos toujours pour les mêmes raisons. Il décrit une construction psychologique difficile en étant ciblée négativement par ses proches, et la nouvelle vie dans laquelle elle s’est installée en travaillant comme bénévole dans des organismes humanitaires. Il demande pour elle la suspension du prononcé.

Theux, le terrain de son malheurSurvient alors un flot de paroles de la part de Catherine, qui remercie ironiquement la juge pour le cadeau qu’elle lui a fait, en parlant de sa condamnation et de son incarcération, et en ajoutant : « Il n’y a pas de justice, tout est manipulé. Et si je reçois une peine, je ne la ferai pas. Il n’y a aucun risque que je remette jamais les pieds à Theux, le terrain de mon malheur. Je n’ai plus aucun contact avec ces gens que j’ai supprimés de ma vie ».

Le juge a cependant été clément, en la condamnant à 100 h de travail ou un an d’emprisonnement. (Luc Brunclair)