"La chambre confinée" (5) : Freddy JORIS "Penser, sans n'être qu'un penseur"

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Né en 1955, Freddy Joris est historien et a consacré son dernier livre, paru en décembre, au Verviers de l’année de sa naissance. Retraité depuis peu, habitant Stembert depuis un quart de siècle, il a été chef de Cabinet du Ministre-Président de la Région wallonne dans les années 90, Directeur général du TEC ensuite, enfin durant près de vingt ans dirigeant de l’Institut du Patrimoine wallon. C’est l’historien qui nous livre son regard sur le long flux des épidémies dans l’histoire humaine. Il parle aussi de son confinement, qu’il ne vit pas trop bien.

-Freddy Joris,, l’historien que vous êtes sait que les épidémies font partie de l’histoire humaine. Avez-vous des exemples qui vous viennent à l’esprit ?

Il y a des exemples fameux, ainsi la "peste noire" qui a tué entre un tiers et la moitié des Européens (25 millions de personnes grosso modo) à la fin du Moyen Age, autour de l’an 1350, ou encore la grippe dite espagnole qui en a tué encore plus au lendemain de la première guerre mondiale, le sida qui a révolutionné nos rapports sexuels après des millénaires de liberté totale sur ce plan, avant cela les épidémies de choléra dans les populations pauvres, y compris en Belgique au XIXe siècle et spécialement à Verviers, ou alors plus récemment à Haïti dans la foulée du grand tremblement de terre du début de ce siècle.

Oui, c’est une donnée importante dans l’histoire de l’Humanité, et c’est une de ces "variables inconnues" que les meilleurs prévisionnistes ne peuvent intégrer dans leurs hypothèses et qui font mentir toutes les prévisions.

Comme historien, je suis toujours très sensible à cela, à la possibilité de voir surgir ce type de "variable" dans le processus historique, en bien ou en mal d’ailleurs.

-Qu’est -ce que l’on peut retenir de ces périodes troublées ?

Précisément, comme je le disais, que rien n’est jamais écrit, que "tout peut arriver", qu’un modèle que l’on croyait immuable peut être complètement chamboulé par la nature ou par une découverte à laquelle personne ne songeait. Et cela peut être une source d’espérance - pas l’épidémie elle-même avec son cortège de difficultés et de réels malheurs, mais le fait que rien n’est "bétonné", immuablement tracé dans nos sociétés, même de nos jours où tant de choses peuvent faire désespérer du futur comme du présent chez nos jeunes. 

 -Par exemple, la grippe espagnole, dans quelle mesure a-t-elle touché Verviers au XXème siècle ?

A Verviers comme ailleurs dans le pays occupé, la première vague de grippe dite espagnole (on l’appelait comme cela parce que la presse espagnole, dans un pays ne participant pas au conflit mondial, avait été la première à parler librement de cette épidémie venue d’Amérique ...), au printemps 1918, a dû faire monter le nombre de décès, dans une population déjà affaiblie par des années de privation, mais c’est surtout au front, dans les tranchées, qu’il y a eu  beaucoup de morts en raison de  la maladie car le virus, contrairement à ce qu’on a dit du Covid-19, s’en prenait surtout aux personnes dans la force de l’âge, comme l’étaient la plupart des soldats. Les vagues suivantes de l’épidémie (à l’automne 1918 puis, après l’Armistice et la Libération, à l’hiver 1918-1919) ont été encore plus meurtrières. Au total, la grippe dite espagnole aurait tué, en Europe, davantage de personnes que le premier conflit mondial lui-même.

Quant aux autres grandes épidémies qui ont frappé notre région, je préfère remonter au XIXe siècle pour rappeler que trois grandes épidémies de choléra ont frappé les Verviétois en 1833, 1849 et 1866, quand la population ouvrière s’entassait dans la vallée le long de la Vesdre, et qu’elles y ont fait des centaines de morts : 170 durant l’hiver 1833-34, 900 en 1849, et à l’instant je ne retrouve plus le chiffre de 1866. Il existe un mémoire en histoire d’Arlette Lafosse sur ces trois épidémies de choléra à Verviers, il date de 1977 et doit être consultable à la bibliothèque je pense, quand elle rouvrira.

-Vous avez étudié l’histoire sociale de Verviers, le combat pour l’accès aux soins de santé a été un dur combat, non ?

Oui, et c’est l’occasion de rappeler que tous les "acquis" sociaux actuels, y compris en matière de sécurité sanitaire, sont tous, absolument tous, le fruit de combats menés jadis et remportés dans le cadre de rapports de force un moment victorieux, en aucun cas des "cadeaux" du système ou tombés du ciel. Depuis deux ou trois décennies sinon plus, nous sommes dans une logique de défense de ces acquis et on a tendance à l’oublier. Je songe ici bien sûr à tout le système de sécurité sociale, c’est lui qui permet l’accès à tous aux soins de santé, aux médicaments, aux médecins, mais aussi qui permet à celles et ceux qui vont perdre provisoirement leur boulot ou ne pas réussir à en trouver vu le contexte de ne pas être privés de toute ressource, etc. Ce n’est pas le paternalisme patronal ou la charité qui ont amené la mise en place progressive de nos exemplaires systèmes de mutuelle l’assurance maladie obligatoire, c’est la force du nombre. Il est piquant de constater que certains des ministres actuels qui chantent pour l’heure les louanges de notre système hospitalier souhaitaient encore, il y a à peine quelques semaines, réduire les moyens de celui-ci. Le combat, il n’est jamais terminé et, comme Edwy Plenel le disait il y a quelques jours sur France 5 à propos des infirmières françaises, c’est le moment pour tout le personnel soignant non pas de faire du chantage par des mouvements qui seraient indécents dans les circonstances actuelles (le seul mouvement de grève lié à l’épidémie, et vite éclipsé heureusement, est d’ailleurs venu d’un secteur tout à fait autre, et hélas réputé pour son indécence), mais de se préparer à rappeler leurs besoins et leurs revendications dès que l’épidémie commencera à être vaincue.

-Vous vivez cela comment, d’être confiné ?

Très mal, même si je le suis dans des conditions ultra-favorables, grande maison occupée à deux, jardin, bibliothèque sous la main, et même la tête pleine des souvenirs d’un voyage de trois semaines en Amérique centrale dont mon épouse et moi sommes rentrés le 6 mars. Donc, rien à voir avec les familles vivant dans des buildings ou dans de vieilles maisons. Pour n’avoir pas toujours bénéficié de ce confort, je sais mesurer exactement ce que peut représenter d’être confiné à deux adultes et trois enfants dans un appartement au troisième étage, sans jardin et sans autre "luxe" que l’électricité et l’eau courante, point à la ligne.

Mais je répète, je le vis très mal car le climat de privation de liberté d’aller et venir librement me pèse psychologiquement très fort, même si je n’en conteste pas la nécessité évidemment. Avec un ami anarchiste hier qui me contactait par téléphone, nous étions sidérés de la facilité avec laquelle cette privation de liberté était imposée relativement aisément à des millions de personnes, chez nous comme ailleurs bien sûr, et nous espérions qu’après ce qui pourrait apparaître comme une grande répétition générale de l’enfermement total et sans heurts d’un pays, justifiée je l’admets et je le répète, cette acceptation des mesures liberticides ne donne pas des idées à certains, chez les sécuritaires de tout poil, les délateurs en puissance, qui plaideraient pour que les contrôles de déplacements individuels, la surveillance des promeneurs par les drônes, le recours aux données de téléphone, bref toutes ces mesures liberticides qui sont annoncées les unes après les autres sans qu’aucune ne semble choquer personne, ne soient maintenues ou en tous cas vite réactivées en d’autres circonstances. Ce genre de réflexion peut paraître incongru, et je ne demande à personne de la partager, mais c’est cet aspect-là qui me met, réellement, le plus mal à l’aise dans ce pays déjà bien assis pour ne pas dire couché. 

-C’est quoi, pour vous, le voyage intérieur ?

"Penser, sans n’être qu’un penseur", pour citer le poème de Kipling que mon père affichait chez lui et que j’affiche chez moi. C’est-à-dire réfléchir sur ce que l’on a déjà réussi à réaliser ou pas, sur ce que l’on veut encore faire, mais aussi réfléchir pour se préparer à agir en ce sens, préparer son action. Dans mon cas par l’écriture et parfois par le verbe, comme ici, mais mon voyage intérieur ce n’est pas philosopher avec pour seul but l’équilibre personnel, sauf si cet équilibre est le résultat lointain de l’action. Dans sa sphère de compétences, de capacités bien sûr. Cela ne vole peut-être pas très haut, mais voilà.

-Quelle sont vos activités en confinement ? Qu’est-ce qui vous manque le plus ?

Pour le moment, je poursuis chez moi le classement des archives de Jacques Wynants, auxquelles vous aviez consacré un dossier dans un de vos JT début d’année. J’avais heureusement obtenu de l’archiviste, mon ami Potelle, de pouvoir ramener chez moi plusieurs malles de dossiers pour les inventorier de manière plus confortable, j’ai de quoi m’occuper encore un bout de temps ! Ce qui me manque le plus, comme je l’ai dit, c’est la possibilité d’aller et venir librement, par exemple descendre à la bibliothèque ou aux archives pour un bouquin dont je ne dispose pas, et voir quand, où et comme je le veux un de ces rares amis et amies qui ont réchappé au tamis des années, ceux qu’on compte sur les doigts d’une seule main. .

-Le confinement est aussi un exercice de solitude, à certains moments, comme l’écriture.... quand vous écrivez des livres, avez-vous des rites ?

Peut-être pas vraiment des rites, mais en tous cas une méthode : une fois la décision prise d’écrire, le sujet en tête et la documentation à disposition, ne plus lâcher prise jusqu’à l’achèvement, et laisser s’installer physiquement peu à peu autour de moi les piles de dossiers, les rapports ouverts, les fiches étalées, dans un apparent faux bordel à ne pas déranger. Et écrire à la main, toujours et uniquement, en tous cas jusqu’à présent. Mais ni café, ni cigarettes (depuis longtemps). Parfois quand même un ou deux verres de vin pour relancer la machine si la phrase le nécessite ... 

-Quel est votre rapport au temps ?

J’ai, surtout depuis une petite dizaine d’années, la conscience aiguë qu’il nous est compté et donc de la nécessité de réaliser ce que l’on veut réaliser sans trop attendre, sans se laisser envahir par les réponses aux sollicitations extérieures au point de négliger ses propres projets. Pouvoir à cet égard se dire, quand cela va brusquement s’arrêter et si on a le temps de se le dire, demain ou dans un quart de siècle, j’ai fait le maximum. 

-Le corps médical est en première ligne, comme ceci, avec tous les risques que cela comporte pour lui. La relation patient-médecin est toujours un lien particulier. Parlez-moi d’un médecin qui vous a marqué ?

Mon ami généraliste le docteur Marc Seel, ami depuis plus de quarante ans. Un modèle de médecin altruiste, soucieux de soigner les clientèles les plus difficiles, un médecin qui n’a pas fait fortune et toujours sur le pont pour le moment. Je songe aussi au chirurgien Monsieur Jaumin qui m’a évité de "passer de l’autre côté" en m’opérant d’urgence en ’96. Et à l’inverse à un spécialiste dont l’absence totale d’humanité face au problème que je lui soumettais voici peu m’a sidéré, tout comme cet autre spécialiste qui avait quitté ses consultations à l’hôpital de Verviers voici quelques années, en disant clairement dans sa salle d’attente pleine, à son assistante, qu’il allait être en retard pour ses rendez-vous dans son cabinet privé. Celui-là, j’ai obtenu des excuses écrites de l’hôpital où il exerçait grâce à nos impôts, car ma fille était dans les patientes de l’hôpital public qu’il avait laissé tomber pour sa clientèle privée. Je donne quatre exemples qui m’ont marqué car il y a, comme dans tous les milieux, des modèles et des fumiers. 

-Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Parallèlement au classement des archives de Jacques Wynants, j’ai en préparation "avancée", mais c’est pour dans plusieurs mois et l’un après l’autre, un ouvrage sur les Cockerill à Verviers (de l’arrivée de William en 1797 au décès de sa fille Nancy en 1817), un autre sur la chute du textile verviétois, un troisième sur les mouvements ouvriers belges avant 1885 et une biographie d’Antonia Bakounine. Je prépare aussi un nouvel article pour mon site web (sur le bâtiment de Charles Thirion au Costa Rica), un site où les Verviétois confinés mais amateurs d’histoire peuvent trouver en libre accès huit de mes livres et une septantaine d’articles, de quoi tenir encore deux ou trois semaines mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus folichon, je l’accorde ...

-La Chine, si loin ou si proche ?

Si proche, puisque le petit-fils d’un tisserand qui avait vu la mer pour la première fois à l’âge de 65 ans a pu s’y rendre en 2005. Si proche, puisqu’un virus apparu là-bas a complètement chamboulé le système ici, et espérons que certains de ses aspects seront ensuite remis en question. Et si loin aussi, puisque les dirigeants chinois restent fermement et férocement imperméables à toute évolution démocratique, comme les Hong-Kongais l’ont éprouvé et avant eux les Tibétains. Mais qui sait, quelle "variable inconnue" demain là-bas, quel Gorbatchev chinois ? 

 

Propos suscités par Urbain Ortmans et diffusés le 24 mars 2020

A revoir : https://www.vedia.be/www/video/emissions/-quot-l-album-quot-freddy-joris-historien_99537.html

 

 

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