Le 23 novembre dernier, le tribunal correctionnel de Liège condamnait 17 affiliés de la FGTB à des peines de 2 mois de prison et des amendes de 800 euros. Ils étaient poursuivis pour des faits d’entrave méchante à la circulation dans le cadre d’un mouvement de grève. Un jugement qui inquiète les syndicalistes car il remet en question le droit de manifester et de faire grève. Ce matin, une action symbolique était organisée par la FGTB de Verviers devant le Palais de Justice.
Audrey Degrange
19 octobre 2015, c’est journée de grève pour la FGTB qui exprime alors son ras-le-bol contre les mesures jugées anti-sociales du gouvernement Michel. 300 manifestants décident de bloquer le viaduc de Cheratte sur la E40. Si l’action est loin d’être inhabituelle pour un syndicat, les conséquences qui s’en suivent posent question car ce sont aujourd’hui 17 syndicalistes liégeois dont le président de la FGTB, Thierry Bodson qui sont condamnés à des amendes et de la prison avec sursis. Ce jeudi, ils se pourvoyaient en appel à Liège, soutenus par tous les syndicalistes socialistes du pays dont ceux de Verviers choqués par ces condamnations. « Les syndicalistes sont condamnés individuellement, 17 parce qu’ils ont été reconnus sur des images média et sur les réseaux sociaux alors qu’en fait, il y avait des centaines de manifestants, explique Daniel Richard, Secrétaire Régional interprofessionnel FGTB Verviers. Choqués aussi par ce qu’il y a une inéquité selon qu’on soit responsable syndical ou pas. Choquant parce que pour les responsables syndicaux, c’est une sorte d’interdit professionnel car demain, ils ne pourront plus manifester leur solidarité par exemple sur un piquet d’une entreprise où il y aurait une astreinte qui aurait été décidée. Et par ailleurs aussi, parce que le tribunal, dans son jugement ne tient pas compte qu’il y a six travailleurs qui doivent avoir un casier judiciaire vierge pour rester actif dans les secteurs qui les occupent, l’armement et l’aéronautique. »
Pire, pour la FGTB, ce jugement rendu par la 17 ème chambre correctionnel de Liège constitue une atteinte grave au droit de grève purement et simplement.
« Demain, ce n’est pas sûr qu’un piquet soit encore toléré par la Justice. Ce jugement s’articule sur l’article 406 du Code pénal qui ne me semble pas applicable dans les circonstances qui sont décrites par le jugement, poursuit Daniel Richard. L’article 406 condamne l’entrave méchante à la circulation en cours or le jugement reconnaît lui-même qu’elle était à l’arrêt ! De plus, historiquement, il y avait un accord pour considérer que cet article ne s’appliquait pas aux faits de grève.»
La Justice aurait également posé un acte politique, selon le syndicat. Un signal pour le moins dangereux dans un contexte de crise sanitaire qui chamboule tout un système. « Il va falloir que le monde politique lève l’ambiguïté qu’a créé le monde judiciaire dans une interprétation qui nous semble excessive de l’article 406 du Code pénal. Nous considérons que le droit de grève comme celui de manifester font partie intégrante et essentielle de la conception que nous avons de la démocratie. »
Et la FGTB de rappeler que quand les institutions de la démocratie renoncent à leurs valeurs et aux droits qu’elles doivent garantir, c’est la courte échelle à d’autres régimes qu’elles préparent.
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