Dans l’ombre des GT40 rugissantes, une petite société californienne imaginait un rêve de performance… à monter soi-même ! Découvrez la Fiberfab Valkyrie, kit-car mythique née d’une folie américaine mêlant fibre de verre, V8 tonitruant et destin tragique.
C’est en Californie, à Palo Alto, que ‘Bud’ Goodwin et John Hebler ont donné naissance à la Fiberfab Company. Après avoir fabriqué des pièces destinées aux Corvette, Mustang et autres Jaguar de l’époque, ils ont décidé de franchir un nouveau cap en proposant des voitures sous forme de kits relativement faciles à monter… pour autant qu’on soit féru de mécanique automobile, et franchement débrouillards ! En effet, ces fameux kits ne comprenaient pas l’intégralité des éléments, laissant les propriétaires puiser dans les banques d'organes de leur choix ! Pas simple…
Les premiers modèles signés Fiberfab avaient pour petits noms Apache, Aztec, Bonanza, Bonito, Seraph, Centurion et consorts. Tout un programme ! Avec des lignes faisant penser à des autos bien connues, qu’il s’agisse de la Chevrolet Corvette ou la Ford GT40…
La Valkyrie, une GT40 à la portée des passionnés
Ce qui nous amène à la Valkyrie, dont le nom trouve son origine dans mythologie nordique. Avant qu’Aston Martin se l’approprie pour son actuelle Hypercar, Fiberfab l’avait adopté dès 1966 ! Et cette Valkyrie est d’autant plus importante qu’il s’agit en fait du premier modèle qui sera proposé en kit, sous l’appellation Valkyrie Kit, ou montée, la Valkyrie 500 GT.
Première question qu’on se peut se poser : pourquoi s’embêter à monter un kit forcément complexe si la possibilité d’acquérir une voiture complète existe. Réponse évidente : le prix ! A l’époque, la Valkyrie 500 GT, montée, était proposée à 12.500 dollars, tandis que le kit ne coûtait que 1495 dollars ! On comprend dès lors que la majorité des Valkyrie a été vendue sous forme de kits, quand bien même tous leurs propriétaires ne sont pas arrivés au bout de la construction !
Le pari du kit : construire sa supercar dans son garage
Au cœur des années ’60, la Ford GT40 faisait tourner les têtes et multipliait les victoires en course. Entre 1966 et 1969, le constructeur à l’ovale bleu a ainsi enchaîné les victoires aux 24 Heures du Mans, au grand dam de Ferrari ! Une voiture de sport qui était aussi rare qu’onéreuse. Il n’en fallut pas plus à Fiberfab pour décider d’en créer une variante nettement plus abordable, notamment en privilégiant la formule du kit. Avec sa carrosserie en fibre de verre, la Valkyrie a de fait clairement des airs de GT40, quand bien même de nombreuses pièces sont issue des Chevrolet Corvair, Ford Mustang et autres productions ricaines.
Sous le capot… arrière de cette Valkyrie, on trouve un V8 d’origine Chevrolet, certes, mais au tempérament pas nécessairement sportif. Ce bloc de 327ci, soit 5,4 litres de cylindrée, est plutôt onctueux que rageur, relayé par une boîte de vitesses à 4 rapports. Et sur notre voiture d’essai, ces rapports sont tellement longs que l’heureux propriétaire avoue généralement se contenter des deux premiers !
Au moment de concevoir la Valkyrie, Fiberfab a en fait utilisé d’innombrables pièces de la Chevrolet Corvair, dont le moteur, mais aussi la boîte de vitesses, la direction et les suspensions, le tout greffé à un châssis tubulaire.
Signalons que la version montée de la Valkyrie était quant à elle équipée d’un V8 Ford de 427 ci et d’une boîte à cinq rapports. Ce qui donnait un résultat nettement plus sportif.
Dans son envie de proposer des voitures de rêve accessibles au plus grand nombre, Fiberbab a été encore plus loin. L’Avenger GT apparue par la suite était en effet une Valkyrie montée sur un châssis… de Volkswagen Coccinelle, dont elle reprenait même le modeste moteur ! Le tout était proposé pour quelques centaines de dollars à peine !
Drames, déclin et renaissances inattendues
En multipliant l’offre, Fiberfab semblait bien partie pour surfer sur la vague des kit-cars à la mode US… Mais à la manière d’autres histoires automobiles américaines plutôt sulfureuses, celle de Fiberfab a connu bien des soubresauts ! En 1967, un an après la sortie de la Valkyrie, ‘Bud’ Goodwin était arrêté par la police après le meurtre de son épouse, surprise avec un autre homme au domicile conjugal. L’industriel américain parvenait à convaincre le tribunal du caractère accidentel du drame, de sorte que Goodwin fut condamné à un an de prison seulement ! Une clémence qui ne lui a guère réussi, dès l’instant où quelques mois plus tard, il était découvert mort dans sa cellule, victime d’une crise cardiaque !
Privée de son boss emblématique, Fiberfab allait alors passer de main en main, avant de disparaître. Une renaissance a été envisagée au début des années 2000, mais le projet ne s’est pas concrétisé.
Très récemment, un autre Américain, Andrew McLary, a offert une suite inattendue, quoi que dans l’air du temps, à l’histoire de la Fiberfab Valkyrie. Son EV-GT40 est en effet une Valkyrie propulsée… par un moteur électrique ! Une automobile dont la production restera sans doute anecdotique, comme le fut finalement celle de la société Fiberfab.
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