En mai dernier, un mémorandum avait été remis au collège communal de Verviers par différentes associations citoyennes afin de décoloniser des espaces publics de la Ville. Ce dernier vient d'approuver plusieurs mesures inspirées de ce mémorandum.
C'est l'une des dernières fois que vous verrez le buste du roi Léopold II de face dans l'Hôtel de Ville de Verviers. Car dans sa volonté de décoloniser certains espaces publics verviétois, le collège a approuvé la proposition de certaines associations de retourner ce buste. "On a refusé de l'enlever, mais il va être retourné. Tout simplement pour susciter le débat au sein de notre Hôtel de Ville. C'est un roi qui a toute sa place ici, mais il faut aussi se poser la question sur ce qu'il a fait dans un autre rôle au Congo", explique Maxime Degey, le bourgmestre de Verviers.
"On sait qu'avec la nouvelle cité administrative, l'Hôtel de Ville va perdre un peu de ses fonctions, puisque le conseil communal ne se réunira plus ici. Il va dès lors falloir trouver un nouveau rôle à ce lieu. Et je pense qu'avoir un Hôtel de Ville où on débat de ce genre de sujet et d'autres choses dans la sphère publique peut être intéressant", ajoute le bourgmestre.
Des plaques de contextualisation
Retourner le buste du roi Léopold II est probablement la mesure la plus controversée de toutes. Des plaques explicatives et de contextualisation seront installées aux escaliers de la Chic-Chac, ainsi qu'aux endroits de dénomination de l'Avenue Léopold II et de la place Général Jacques. Cette dernière pourrait également voir son square central être rebaptisé square Patrice Lumumba. Des changements qui suscitent des réactions diverses auprès des citoyens.
Verviers n'est cependant pas la première ville belge à adopter ce genre de mesures. Les figures coloniales belges ont même déjà été mises à mal, notamment à Bruxelles, où une statue du roi Léopold II avait été saccagée en 2020. Ce qui est sûr, c'est que ces figures suscitent un clivage assez virulent. "Cela fait déjà un petit temps que l'histoire coloniale est un champ de recherche assez riche et dynamique. Il y a un large consensus sur toute une série de faits, sur les grandes étapes de la colonisation, sur le caractère massif et systémique des violences coloniales et sur la responsabilité de certaines personnalités, notamment le roi Léopold II", détaille Thomas Briamont, historien verviétois. "Il s'agit donc ici plutôt de mémoire que d'histoire. La question, l'enjeu, c'est de savoir comment on va représenter l'histoire, et en l'occurrence ici, l'histoire coloniale dans l'espace public".
Ces modifications ne seront pas présentes tout de suite, ces mesures ayant seulement été décidées début juillet. Les nouvelles plaques doivent dès lors encore être réalisées avant d'être installées.
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