Si vous vous promenez à Verviers, vous aurez constaté que le Palais de Justice et, plus précisément l’aile Janson, est entièrement à ciel ouvert. D’impressionnants étançons retiennent aussi la façade. Car le risque d’effondrement est réel.
Audrey Degrange
Les premières fissures sont apparues en 2012. Depuis, elles n’ont cessé de s’agrandir et de se multiplier sous le poids notamment des nombreuses archives entreposées par la Justice. En 2016, la Régie des bâtiments décidait de fermer complètement l’aile Janson pour des questions de sécurité. Depuis, l’état du bâti a continué à se dégrader au point de devoir aujourd’hui agir en urgence... la façade menaçant de s’effondrer. « Nous avons commencé la déconstruction de l’aile Janson en enlevant la toiture et nous allons poursuivre avec les planchers du 2ème étage, détaille Philippe Defawe, Expert technique à la Régie des bâtiments. Après cette phase, nous ferons une étanchéité provisoire sur la dalle du premier étage. »
Construit fin du 19ème siècle, le Palais de Justice de Verviers est un des premiers bâtiments publiques construits avec du béton armé. Problème, il est ici plus que léger. « Il y a très peu d’acier et souvent des aciers uniquement dans un seul sens. Aujourd’hui, on en met d’office dans les deux sens. Puis l’épaisseur des bétons est mince et sa qualité plus que médiocre », poursuit l’expert.
Tellement médiocre que le chantier doit s’effectuer par phase et requiert une certaine minutie.
« L’entreprise qui est sur place doit faire attention pour qu’on n’ait pas d’accident avec les ouvriers. C’est pour ça qu’on emploie que des petits moyens, style marteau piqueur et non des pelles mécaniques pour démolir, nous ne pouvons pas nous le permettre. »
D’autant plus que l’Agence wallonne du patrimoine veille, il faudra rénover en partie à l’identique.
« Avant la déconstruction proprement dite, tout ce qui était ornements architecturaux, des cheminées, des sculptures ont été démontés, pièce par pièce, et numérotés. Il en va de même pour les pierres supérieures de la façade. On a transporté plusieurs dizaines de semi-remorques sur la prison de Lantin où nous avons un grand entrepôt mis à disposition par le SPF Justice où nous stockons toutes les pierres qui serviront à la reconstruction. »
La phase de sécurisation devrait durer jusque fin octobre. La date de reconstruction, elle, est plus incertaine.« La reconstruction, ce sera une rénovation qui se fera dès que nous aurons un programme des besoins de la Justice et que nous aurons le financement pour faire une rénovation complète de ce bâtiment », conclut Philippe Defawe.
Un feu vert espéré rapidement par le monde judiciaire qui se partage toujours entre de nombreux bâtiments, la Régie n’arrivant pas à trouver un endroit sur Verviers où rassembler les différents services durablement le temps de travaux, estimé à au moins 5 ans, rien que pour l’aile Janson.