C'était l'info de ce mardi 1er avril 2025, un beau poisson avouons-le ;-) ... puisque la coopérative Courant d'Air va installer une éolienne "offshore" en plein milieu du lac de Robertville.
La première éolienne offshore de Wallonie pourrait donc s’élever au milieu de lac de Robertville. Avec à la clé, une triple innovation technologique, sportive et environnementale. Devenue experte dans le domaine de parc éolien en Mer du Nord, Courant d'Air va donc profiter des vents dominants sur les hauteurs tout en produisant de l'électricité en continu, grâce à la fameuse fonction de pompage turbinage comme on le connait à Coo, en remplissant le Lac à certains moments. Voici le communiqué de Courant d'Air décrivant cette initiative originale, qui couple énergie durable, sport et tourisme:
La coopérative de production d’énergie renouvelable Courant d’Air publie l’étude de préfaisabilité pour l’implantation d’une éolienne de 180 m dans le lac de Robertville. Elle serait le premier exemple de combinaison de technologies intégrées éolienne + pompage-turbinage (STEP).
Elsenborn, le 01/04/2025.
Courant d’Air SC agréée ES, la coopérative citoyenne de production d’énergie renouvelable de notre région, active depuis 2009, a confié au bureau d’études Watt Else une étude de préfaisabilité pour la construction dans le lac de retenue du barrage de Robertville, d’une éolienne de 180 m de hauteur (pale levée) et d’une puissance de 4,2 MW. Elle pourrait fournir l’équivalent de toute la consommation électrique annuelle d’environ un tiers des 3 440 ménages de la commune.
Courant d’Air entend ainsi profiter du know-how acquis en Mer du Nord dans l’exploitation conjointe du parc Northwind (5 éoliennes citoyennes achetées en janvier 2025) et dans le projet de concession Haddock Wind dans la zone Princesse Élisabeth (appel d’offres fédéral en cours).
Les avantages de cette implantation
Le potentiel venteux de cette région d’altitude est renforcé par la configuration des lieux : les berges relativement encaissées, la surface plate du lac, favorisent une accélération du flux d’air par effet Venturi et écoulement laminaire (sans turbulences), donc un meilleur rendement de l’éolienne.
L’avantage d’une implantation lacustre, si le lac est assez large, c’est un respect aisé des normes de distance aux habitations imposées par le Cadre de Référence Éolien wallon (CDR), l’absence de tout déboisement ou emprise sur des terres agricoles et forestières. Les risques de chute de glace venue des pales seront également sans objet. Enfin la livraison des pales par hélicoptère sera facilitée.
Les trois autres lacs de la région ont été étudiés : tous trois pourraient convenir en ce qui concerne le potentiel, mais les barrages des lacs de La Gileppe et d’Eupen ont un équipement de production électrique par turbinage insuffisant (voir plus loin), tandis que celui de Bütgenbach au contraire pourrait accueillir lui aussi une éolienne dans une seconde phase.
Innovation technologique
La grande nouveauté du projet consiste en la combinaison inédite de deux technologies : le pompage-turbinage (principe de la centrale de Coo) et l’éolien. L’éolienne sera en effet couplée à une pompe qui permettra de ramener de l’eau dans le barrage à certains moments.
Il faut savoir qu’en cas de surproduction (typiquement un dimanche d’été ensoleillé et venteux), les producteurs d’énergie renouvelable sont forcés d’arrêter leur injection sur le réseau, avec une perte sèche de productible, ou sont tenus de payer des indemnités d’équilibrage du réseau si leur prévision de production n’est pas respectée.
Au lieu de vendre à perte ou d’être pénalisée pour avoir produit une énergie momentanément superflue, l’éolienne du lac pourra la valoriser en prélevant de l’eau prélevée en contre-bas, dans la Warche à Bévercé, et en la repompant vers le lac de Robertville en utilisant les 7 kilomètres de canalisation qui relient déjà le barrage à la centrale hydro-électrique de Bévercé. Aucun investissement ni travaux ne seraient donc nécessaires à l’exception d’une puissante pompe d’exhaure.
Cette eau repompée en hauteur pourra ainsi passer une seconde fois dans les turbines de production d’électricité d’Engie situées à Bévercé et restituer l’énergie utilisée pour la remonter dans le lac, moyennant une légère perte de rendement. Le problème de l’intermittence des énergies renouvelables trouve ici une solution techniquement élégante.
Sur le plan financier, l’opération est également intéressante puisque l’énergie produite à des périodes où elle vaut très peu sur le marché sera utilisée pour stocker de l’eau qui permettra de produire à nouveau de l’électricité à un moment où elle aura davantage de valeur marchande.
Un accord financier est en passe d’aboutir avec Engie pour établir un mode de calcul et répartir les bénéfices de cette opération de pompage-turbinage.
Extension possible à Bütgenbach
La récupération d’énergie pourrait aussi s’appliquer ultérieurement entre les lacs de Bütgenbach et de Robertville, si une autre éolienne offshore est effectivement construite au milieu du lac de Bütgenbach dans une seconde phase. Les deux barrages présentent en effet une intéressante différence d’altitude de plus de 70 m. Il faudrait toutefois construire un pipe-line enterré de 9 km passant entre les villages de Weywertz et Nidrum, traversant Champage, pour aboutir à la pointe du lac de Robertville.
Sur le plan environnemental rien n’est laissé au hasard
Le lac étant un lieu d’étape fréquent pour plusieurs espèces d’oiseaux migrateurs, l’éolienne sera équipée d’un nouveau système de détection des oiseaux qui arrêtera l’éolienne dès leur approche. Pour les chauves-souris, dont on sait qu’elles chassent volontiers au-dessus des plans d’eau, un système semblable, existant depuis longtemps et équipant toutes les éoliennes situés en forêt, sera mis en place. Mais sachant que les chauves-souris volent plus bas au-dessus de l’eau qu’en forêt où elles dépassent la cime des arbres, les pales pourront être plus longues et/ou le mât moins haut pour cette éolienne offshore d’eau douce.
À la demande du DNF de la Région wallonne, les fondations posées au fond du lac seront conçues pour pouvoir servir de refuge et de lieu de frai pour les poissons et de support pour la réintroduction de la moule d’eau douce (Margaritifera sp.), une espèce en régression dans toute l’Europe. Une première étude sur le sujet est en cours à la station scientifique ULiège du Mont-Rigi.
Une infrastructure sportive unique en Belgique
Sur son site web, la fédération royale belge de natation déplore « le manque pénible d’installations homologuées de plongeon en Belgique ». https://www.belswim.be/fr/disciplines/plongeon
Par conséquent, la FRBN organise uniquement des championnats de Belgique annuels pour 1 m et 3 m. Nos athlètes ne disposent pas de possibilités d’entraînement pour les disciplines olympiques à 5, 7.5, 10, 20 et 27 m.
La fédération sportive a manifesté son intérêt et offert son expertise pour étudier l’installation de plongeoirs réalisés aux normes et placés à différentes hauteurs du mât de l’éolienne. L’ascenseur intérieur monoplace de l’éolienne, destiné aux techniciens de maintenance, devra être modifié pour permettre des arrêts intermédiaires et donner aux athlètes l’accès aux différentes hauteurs de plongeoir. Créer des portes dans les parois du mât sera également une nouveauté technologique qui devra être étudiée sur le plan de résistance des matériaux.
Le tourisme n’est pas oublié
Très fréquenté en été, le site de Robertville-les-Bains pourra bénéficier non seulement d’un approvisionnement en électricité à un prix favorable via le fournisseur coopératif wallon COCITER, mais aussi de nouvelles infrastructures : une vingtaine de bornes de recharge pour voitures et vélos électriques sera installée gratuitement, financée par la coopérative Courant d’Air au titre de contribution aux équipements pour la collectivité.
Un exploitant touristique a manifesté son intérêt pour proposer une flotte de petites embarcations à moteur électrique offertes en location à l’heure ou à la journée, qui seront elles aussi rechargées à partir de bornes adaptées.
Par ailleurs le spectacle des athlètes belges s’entraînant au plongeon à grande hauteur ajoutera à n’en pas douter un pôle d’attraction majeur au site.
Ailleurs en Wallonie ?
Des contacts sont pris avec les coopératives citoyennes du Hainaut pour exporter le concept aux vastes lacs de barrage du complexe de l’Eau d’Heure qui, en dépit d’un potentiel venteux inférieur, pourraient offrir, au vu de leur grande taille, un potentiel de rentabilité et un espace suffisant pour implanter plusieurs éoliennes.
Prochaines étapes
La coopérative espère pouvoir construire en 2027. L’enquête publique de 30 jours liée au dépôt de permis devraient pour cela démarrer au début de 2026, ce qui implique de terminer l’étude d’incidences environnementales encore cette année.
Pour financer ce projet, Courant d’Air envisage de lancer un second appel de fonds en 2025, à la suite de celui de février consacré au rachat de 5 éoliennes dans la concession offshore « Northwind » au large de Zeebrugge. Pour toute information : www.notreenergie.be.
Plus d’infos :
https://www.belswim.be/fr/disciplines/plongeon
https://www.engie.com/activites/flexibilite/stockage-hydraulique-pompage-turbinage
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