Innocenti Mini : une britannique au vrai sang italien

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C'est l'histoire d'une Mini produite sous licence par une société italienne, Innocenti, et dont certains exemplaires ont été fabriqués... à Seneffe, en Belgique !

La Mini, tout le monde connait ! Commandée dès 1956 par la British Motor Corporation à l’ingénieur anglo-grec Alec Issigonis, elle s’est d’emblée distinguée par sa façon de bousculer les codes et habitudes de l’époque : moteur compact placé à l’avant, boîte de vitesses casée sous le moteur, petites roues de 10 pouces, habitacle composant 80% du volume total, celle qui est née sous les appellations Morris Mini Minor et Austin Mini Seven est progressivement entrée dans les mœurs, avant de s’imposer comme une icône absolue de l’industrie automobile britannique. Construite en Angleterre, mais aussi en Afrique du Sud, en Australie, en Espagne, en Italie, en Roumanie, en Slovénie… et en Belgique, elle a été produite à plus de 5,3 millions d’exemplaires ! Enorme…

‘So British’ Mini

Le chapitre de l’histoire de la Mini qui retient notre attention aujourd’hui est italien. Industriel actif dans le secteur de l’acier, Ferdinando Innocenti était déjà à la base des scooters Lambretta, fabriqués dans l’usine de Lambrate. Sur quatre roues, Innoncenti a ensuite produit sous licence l’Austin A40 dans différentes versions, suivies de l’IM3. Des voitures dont le prix de vente restait plutôt élevé, de quoi limiter la production à 20.000 exemplaires. En 1960, Innocenti signe un contrat avec la British Motor Corportation afin d’adapter au marché italien la ‘so British’ Mini. Ce qui aboutira à une présentation en bonne et due forme de l’Innocenti Mini au Salon de Turin 1965. Sans le savoir, Ferdinando Innocenti venait de mettre dans le mille ! A l’époque, la Fiat 850, évolution d’une 600 qui avait fait son temps, occupait le haut de l’affiche en Italie, dès l’instant où la Mini britannique était invendable en raison de droits de douanes très dissuasifs. En privilégiant des éléments d’origine italienne, Innocenti va permettre à la Mini de devenir abordable. Mieux, la petite anglaise, guère connue pour la qualité de sa finition, allait devenir une voiture nettement meilleure en passant en mode transalpin ! Il est vrai qu’Innocenti s’est attaché à la qualité de fabrication et d’assemblage, en proposant des intérieurs plus luxueux, un cran au-dessus de ce qui se pratiquait en Angleterre.

Les italiens en rafolent !

De façon concrète, l’Innocenti Mini était composée à 62% de pièces d’origine italienne. Si carrosserie et mécaniques restent britanniques, au jeu des différences, on pointe une grille avant en inox au dessin inédit, un capot arrière redessiné de façon à pouvoir accueillir les plaques d’immatriculation italiennes, des pare-chocs dépourvues de ‘bananes’, des phares et des feux améliorés, des jantes élargies, un volant modifié, des accessoires sous le capot agencés différemment, etc., etc. Bref, l’Innocenti Mini se distingue d’emblée par des différences avec le modèle d’origine.

Et le public italien apprécie ! Cinq mois après la présentation de l’Innocenti Mini, près de 6000 exemplaires ont déjà trouvé preneurs ! De quoi tourner l’usine de Lambrate à plein rendement ! Avec la version Cooper dévoilée lors du Salon de Genève 1966, le phénomène s’accélère ! Il est vrai que le moteur de 998cc sortait une puissance de 56 chevaux, de quoi autoriser une vitesse de pointe de 145 km/h ! Cette version plus sportive était systématiquement bicolore, avec toit noir ou sable pour des carrosseries privilégiant le rouge, l’ocre, le gris, le bleu ou le vert. Ajoutez des jantes élargies, de nouvelles poignées de portes, un volant à trois branches, un levier de vitesses plus court et droit, ainsi que des sièges en simili noir, à l’instar d’une partie du tableau de bord, et vous obtenez un bel objet, dont le seul défaut était un prix de vente trop élevé, supérieur à celui d’une Fiat 124 ! Au cours d’une décennie allant du milieu des années ’60 au cœur des années ’70, Innocenti a produit plusieurs versions de la Mini, qu’il s’agisse des 850, Cooper, Minor 2, Cooper 1000, Mk3, Cooper 1275 ou Mk3 Export. Sans oublier l’Innocenti Mini T, version break dont les inserts en bois de la variante Country Van ont aussi marqué l’histoire… 

Le succès de la Mini façon Innocenti a évidemment titillé les envies et l’ambition des uns et des autres. A tel point qu’en 1972, British Leyland, qui avait succédé à la British Motor Corporation, faisait l’acquisition d’Innoncenti. Tout en découvrant que les Italiens avaient déjà dans leurs cartons un projet de nouvelle Mini, qui allait en fait devenir l’Innoncenti Mini Bertone, produite à 350.000 exemplaires entre 1974 et 1993.

386 000 exemplaires produits

C’est lors de cette même année 1974 que la production de la Mini Innocenti s’arrêtera. Au total, ce sont plus des 386.000 exemplaires qui ont été produits dans l’usine de Lambrate. Comme bien des marques de l’époque, Innoncenti a fini par disparaître du marché automobile italien. Après avoir importé en Italie des Zastava de construction yougoslave, la marque a été absorbée par De Tomaso, avant d’être fondue dans le tentaculaire groupe Fiat !      

Restent, à l’image du superbe exemplaire que vous avez sous les yeux, ces Mini nées sous le soleil, qui se distinguaient par une qualité de fabrication supérieur aux Mini anglaises. De quoi en faire des voitures désirables, très recherchées par les inconditionnels de cette voiture vraiment pas comme les autres…


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