L’ancien bourgmestre de Verviers, Claude Desama sort ce mercredi « En traversant l’ancien monde ». Un livre dans lequel il revient sur sa vie politique et les personnalités qui ont marqué sa carrière à l’image de Simone Veil ou encore François Mitterand. Une traversée qui mène aussi le lecteur des rives du parti socialiste à la Ville de Verviers qu’il gouverna de 2001 à 2012.
Audrey Degrange
Si on connaît plutôt l’homme politique, Claude Desama est avant tout un universitaire. Docteur en Philosophie et Lettres et professeur d’Histoire à l’Université de Liège, c’est l’écriture qui rythme avant tout sa carrière. Une plume qu’il dû délaisser et qu’il retrouve aujourd’hui avec plaisir pour parler... de la chose publique, sa passion.v« Mes amis et mon entourage m’ont dit : tu as vécu une carrière politique qui n’est pas banale, tu as vécu un certain nombre des rencontres et vécu des moments historiques, ce serait bien que tu les mettes par écrit. Non pas pour les historiens du futur mais pour laisser une trace. »
A 79 ans, Claude Desama se raconte mais sous la forme d’un entretien mené par le journaliste Michel Vargas. Ensemble, il retrace un feuilleton marqué de plusieurs saisons. Elles s’inaugurent dans les années 70, au Parti socialiste où Claude Desama est alors le plus jeune président de fédération. Place ensuite à l’Europe où de 1988 à 2001, il est député et témoin de moments historiques comme la réunification allemande. « Pour moi, en tant qu’historien, c’était formidable de pouvoir assister à un tel moment et entendre les arguments des uns et des autres. J’ai été en relation vraiment singulière avec Helmut Kohl notamment, c’était vraiment passionnant ! »
C’est aussi à là qu’il travaille étroitement avec Simone Veil dont il dresse le portrait d’une personnalité parfois capricieuse, impérieuse mais surtout hors du commun et pour qui la réunification était une erreur.
« Elle était vraiment dépitée et elle m’a dit ceci que je n’oublierai jamais : vous verrez c’est le retour de la grande Allemagne, non pas avec son armée.Mais économiquement, socialement, ils vont nous dominer et avec le recul, je ne peux lui donner que raison. »
François Mitterand, Michel Rocard ou encore Daniel Cohn-Bendit l’impressionneront. S’il se dit déçu de la politique européenne actuelle, il espère qu’un nouveau traité européen de coopération renforcée se mettra en place. Dépité, il l’est aussi de la situation à Verviers, ville qu’il géra de 2001 à 2012... et dont il estime que les différentes équipes en place dilapide son héritage. On lui rappellera tout de même que c’est lui qui en 2004 initie la saga City Mall. « L’objectif, c’était de faire de Verviers un pôle économiquement fort par rapport à Liège, Aix-la-Chapelle et Maastricht. Après les choses ont trainé. 11 ans pour avoir un permis ce n’est ni notre faute, ni celle du promoteur. Aujourd’hui, j’entends qu’un nouveau projet arrive et j’en suis heureux, Verviers en a plus que besoin. »
Sa plus grande fierté restera finalement l’aménagement de Verviers Ouest. Le Grand-Théâtre et l’Hôtel de Biolley, ses regrets. « Malheureusement, mes successeurs ne s’en sont pas préoccupés. Ceci dit, avec les inondations et le Musée Renier hors service, le projet de Biolley va revenir et je me réjouis car oui, c’est mon seul regret. »
En traversant l’ancien monde, un livre assurément à parcourir et désormais disponible en librairie.