Ce lundi était journée de grève nationale. En front commun, la CSC et la FGTB ont appelé leurs affiliés à se mobiliser pour réclamer une augmentation de la marge salariale plafonnée à 0,4%. C’est un des points clés dans les négociations sur l’accord interprofessionnel qui sont aujourd’hui complètement à l’arrêt.
Audrey Degrange
Des bus au dépôt. Des entreprises fermées ou encore des piquets pour empêcher les non grévistes d’aller travailler. L’appel à la grève était particulièrement bien suivi ce lundi dans notre arrondissement. Crise sanitaire oblige, il a fallu repenser certains dispositifs. C’est donc en voiture que la CSC rejoignait ses points stratégiques d’Eupen à Verviers. « On a ciblé la plupart des entreprises qui ont fait des bénéfices, explique Alain Bodson Permanent interprofessionnel CSC Liège Verviers Osbelgien - Secteur Verviers. Quand le président du MR, Georges-Louis Bouchez ou encore celui du patronat Timmermans, nous disent que nous sommes inconscients de faire grève aujourd’hui, on leur rétorque que ce qui est indécent, ce sont les bénéfices engendrés par les travailleurs qui sont redistribués aux actionnaires et top manager! »
Venir donc, selon les syndicats, le « récompenser » avec une marge salariale plafonnée à 0,4% , c’est tout simplement scandaleux. « Sur deux ans, ça représente un sac de patates, souligne le permanent syndical. Dans de nombreux secteurs comme la grande distribution, le pharmaceutique, on parle de bénéfices en millions et on ne veut donner aux travailleurs que 0,4%, ce sont vraiment des cacahuètes et ça montre tout le mépris que certains employeurs peuvent avoir pour leur personnel, c’est inadmissible. »
Mobilisée devant des entreprises emblématiques, la FGTB dénonce elle aussi ces miettes laissées aux travailleurs tout en étant consciente, comme la CSC, que tous les secteurs ne pourront pas s’aligner. « On sait que dans certaines secteurs comme l’Horeca, les métiers de contacts, etc, c’est très compliqué pour eux, explique Christian Jacquemin, Président de la FGTB Verviers – Ostbelgien. Nous ne sommes pas fous et n’allons donc pas réclamer des sommes et des augmentations salariales invraisemblables. A l’inverse, il y a des entreprises où on peut vraiment négocier et certains patrons locaux sont demandeurs pour pouvoir le faire aussi. »
Pourtant, les négociations sont dans l’impasse, la Fédération des Entreprises Belges se retranchant derrière la loi sur la norme salariale adoptée en 1996 mais modifiée par le gouvernement Michel en 2017 pour que l’indice ne soit plus indicatif mais bien maximal. Le syndicat socialiste veut lui un rétro-acte et non les cadeaux proposés par le gouvernement. « Ce sont des primes one shot, rien en net. Nous, on veut des augmentations de salaires bruts qui perdurent dans le temps parce que la situation le permet et non pas parce qu’on ferait un cadeau particulier vu la période. »
Si les combats se sont axés sur le salaire, les négociations sur l’accord interprofessionnel portent aussi sur les fins de carrière, la réduction collective du temps de travail et la création d’un fond de solidarité pour augmenter le salaire minimum. Le gouvernement De Croo a jusqu’au 14 avril pour décider s’il remet les partenaires autour de la table ou s’il tranche définitivement.