Jean et Pierre ont formé pendant quelques années un couple toxique, qui finira par se séparer en janvier 2019. Commence alors pour Pierre un long calvaire de deux ans, car Jean va s’ingénier par 36 moyens dont certains ingénieux pour lui pourrir la vie. « Par désir de vengeance stupide » dira Jean au tribunal, « car un psy m’a ouvert les yeux sur le comportement destructeur de Pierre. Il m’a mis dans le trou ! »
Par le truchement principalement de faux commis sur ordinateur, Jean commence à harceler Pierre de toutes les façons imaginables. Messages truqués envoyés à des amis de Pierre sous le nom de ce dernier, mails détournés, rendez-vous médicaux annulés, comptes bancaires ouverts au nom de Pierre, fausses captures d’écran, fausses commandes de choses diverses, modifications de paramètres dans le banking. Ou alors, envois de fausses attestations de salaire pour faire croire que Pierre travaillait alors qu’il était sur la mutuelle, appels téléphoniques soi disant émanant du père de Pierre…décédé ! Ou encore, répondre à des petites annonces de vente de véhicules au nom de Pierre, en disant qu’il est intéressé, ce qui lui valait un contact avec l’annonceur. Sans parler de pneus crevés ou de serrures bouchées. « Une masse de petites choses qui finissent par devenir destructives, au point que Pierre a tenté de se suicider après avoir été dépossédé de son identité » dira Mme Collienne, ministère public.
Plus vicieux encore était l’utilisation d’une technique permettant l’envoi des messages ou des appels sous un faux numéro. C’est ainsi que Jean s’adressait à lui-même des appels émanant soi-disant de Pierre, ce qui lui permettait de déposer plainte contre Pierre en se disant lui aussi harcelé.
Mme Collienne fustige ce comportement vicieux, par des mécanismes de haut niveau, mais destructeur en réclamant 30 mois de prison, avec sursis probatoire. Pour la défense, il a maintenant pris la mesure de la gravité de ce qu’il a fait, et repris des études. C’est pourquoi, pour ne pas gâcher son avenir professionnel, elle demande une simple peine de probation, c’est-à-dire des conditions à suivre sans qu’une sanction soit prononcée.
Jugement dans un mois. (L.B.)