"Le système carcéral est coûteux, ne fonctionne pas et est néfaste pour les droits fondamentaux des détenus". C'est le constat des bâtonniers, dont celui de Verviers, après leurs visites des prisons ce 10 décembre, jour internationale des droits humains.
"La réalité démontre que le « tout à la prison » n’est pas une solution efficace pour lutter contre la criminalité. Les prisons, petites ou grandes, se remplissent au fur et à mesure de leur construction. On y entasse les détenus sans distinguer les longues peines des courtes peines, les personnes condamnées de celles qui sont en détention préventive et attendent, parfois très longtemps, d’être jugées, ce qui ne fait que créer des hautes écoles pour délinquants, soutient Yves Wynants, bâtonnier de l'Ordre des avocats du Barreau de Verviers. En outre, la surpopulation rencontrée actuellement dans les prisons et les conditions de vie indignes qui y règnent sont néfastes à la réinsertion. Elles augmentent le risque de récidive et donc d’insécurité dans nos rues".
La criminalité n'augmente pas
"Contrairement aux idées reçues, les causes de la surpopulation carcérale ne résident pas nécessairement dans une hausse de la criminalité. Elle n’est en réalité que la partie visible d’un phénomène plus complexe : l’inflation carcérale, soit l’usage de plus en plus systématique de l’incarcération. Cette tendance est largement alimentée par une perception dominante dans l’opinion publique, qui voit la prison comme la solution privilégiée pour punir et dissuader", explique le Bâtonnier verviétois.
Un détenu coûte 55.000 euros par an
Un détenu coûte, en moyenne, 55.000 euros par an. Actuellement, on compte 12.700 détenus en Belgique. Soit un coût total de près de 700 millions d'euros par an pour prendre en charge les détenus (les infrastructures, l'encadrement etc). Pour Yves Wynants, c'est clair, ce problème "concerne la société dans son ensemble": " La population finance en effet un système dans lequel les conditions de vie et de travail des détenus comme des agents pénitentiaires, sont indignes et dont l’un des effets est, paradoxalement, de contribuer à augmenter la délinquance, donc l’insécurité. Le système doit être repensé en profondeur !"
Des alternatives à la prison
D’après les bâtonniers et les bâtonnières, il serait utile de trouver d’autres solutions qui co-existeraient avec le système carcéral. En fonction du type d’infractions ou de condamnations, les avocats évoquent la possibilité de penser à des transactions financières proportionnelles aux revenus de l’auteur de l’infraction ou à des peines de travail par exemple. La médiation ou la conciliation peuvent également être des alternatives dans certains cas. Une autre piste à explorer est de travailler davantage sur la prévention.
D'autres visites prévues
La Belgique a été condamnée à plusieurs reprises par des instances internationales pour violations des droits de l’Homme dans ses prisons. Les visites des bâtonniers ce 10 décembre ne sont que le début de visites régulières afin d’attirer l’attention sur la situation précaire à l’intérieur des murs de la prison et les contradictions du système carcéral.
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