A l’heure où Verviers tente de se reconstruire et multiplie les chantiers, les membres du Conseil Consultatif Communal des Personnes en situation de Handicap (CCCPH) et Ecolo Verviers ont décidé d’interpeller la majorité verviétoise sur l’accessibilité réservée aux citoyens les plus fragilisés. Pour eux, le constat est flagrant, il faut repenser les aménagements et la mobilité.
Audrey Degrange
Marcher en talon ou encore gérer une poussette, rue du Brou à Verviers, l’opération est un peu galère. La faute à des pavés, certes esthétiques mais piégeux pour les personnes à mobilité réduite. Pierre-Yves Neuville est tétraplégique et président du conseil consultatif communal des Personnes en situation de handicap. Régulièrement, il interpelle la Ville sur les chantiers en cours mais l’écoute n’est pas toujours au rendez-vous. « On fait des rapports, personne ne les lit, on n’en tient pas compte alors qu’on ne juge jamais le projet, explique Pierre-Yves Neuville. Je ne critique jamais, moi je parle de l’accessibilité, des normes que l’on doit respecter, on ne les respecte pas. »
Marche pour entrer dans les commerces, manque de rampes, d’entretien ou de signalisation, les situations sont régulièrement périlleuses. A l’heure où Verviers se reconstruit, les membres du CCCPH estiment qu’il y a là une réelle opportunité à saisir pour une mobilité plus inclusive. Un sentiment partagé par le groupe Ecolo Verviers qui dénonce une nouvelle fois le manque d’ambition de la majorité. « La majorité souhaite rendre accessible l’Hôtel de Ville, c’est bien, estime Hajib El Hajjaji, Chef de groupe Ecolo Verviers. Mais on n’a eu trop de chantiers où on s’est retrouvé avec des pavés qui ne conviennent pas comme ici, rue du Brou, rue Xhavée, la Place verte, on se pose des questions pour la Place des Martyrs. Les personnes concernées et nous le sommes finalement toutes, ont déjà interpellé la commune et donc il faut vraiment avoir une expertise, former le personnel communal et donner un budget pour qu’on rende des aménagements durables pour tous. Une ville qui se veut ouverte et accueillante doit pouvoir permettre à chacun de ses citoyens de se déplacer en toute autonomie.»
Si elle reconnaît certaines difficultés, l’Echevine de la Personne Handicapée se veut optimiste. A force de sensibiliser, des aménagements positifs ont vu et vont voir le jour. « Je pense que monsieur Neuville est très content de l’aménagement de la Maison du Tourisme souligne Cécile Ozer. Pour le Grand-Théâtre, il y a eu pas mal d’échanges et des aménagements ont été réalisés. C’est évidemment plus facile de prévoir les aménagements à l’avance que de devoir essayer de réparer les choses par la suite. Les transformations sont toujours plus coûteuses et compliquées. C’est vrai qu’on doit avoir ce réflexe systématique de demander conseil et on peut peut-être aller un pas plus loin en faisant appel à des bureaux d’experts en accessibilité. »
Encore faudra-il les entendre, souligne le conseil consultatif qui rappelle que la Belgique a ratifié la convention des Nations Unies relatives aux droits des personnes handicapées et que ne pas rendre accessible ses espaces publics au plus grand nombre est discriminatoire.