A Verviers, c’est une page qui se tourne rue Spintay. Des années après avoir espéré une rénovation en bonne et due forme, la Ville n’a pas eu d’autre choix que de contraindre le propriétaire, City Mall, à procéder à la démolition de ce patrimoine. Le bâti est instable et menace la sécurité des riverains et passants.
Audrey Degrange
La grue est télescopique, elle fait 23 mètres et vient littéralement grignoter la façade de cet ancien magasin de photographie, côté Récollets. L’action est impressionnante et ne laisse pas de marbre les riverains présents. « C’est triste, nous lance une ancienne commerçante de la rue Spintay. En même temps, on espère que ce qui va être reconstruit sera beau et nouveau. » Plus loin, un autre riverain regarde avec intérêts les démolitions « On est soulagé, nous glisse-t-il. Il y avait des rats, c’était sale, on espère vraiment un bel avenir pour cette rue.
Risques d’effondrement, bâtiments squattés, l’insécurité en Spintay est réelle. Il y avait urgence à agir. « La démolition s’organise sur base de l’arrêté que j’ai pris il y a quelques mois, précise Muriel Targnion, Bourgmestre de Verviers. Avec un permis de démolition et d’environnement qui ont été attribués par les deux fonctionnaires respectives de la Région wallonne. Il y a eu toute une série de discussions mais maintenant tout est légal. On démolit avec regret mais il fait le faire et avancer. »
En pratique, les immeubles du numéro 1 au 109 seront donc démolis. Une série de façades seront toutefois démontées et conservées pour retrouver leur place dans un futur projet. Certaines bâtisses seront aussi stabilisées non sans risque. « Ces maisons qui vont rester comme des dents au milieu de la rue vont être prises au vent, à la pluie. Il faut vraiment les stabiliser pour les garder, prévient Muriel Targnion. Dans leur rapport, les ingénieurs en stabilité inscrivaient que s’il n’y avait pas rapidement une rénovation complète de ces maisons, elles pourraient se retrouver dans le même état que celles qu’on démolit actuellement. »
C’est dire si cette première démolition est symbolique. Autrefois florissante, la rue Spintay paye aujourd’hui l’ambition d’un centre commercial censé redynamiser Verviers et dont on attend toujours du promoteur, Patric Huon qu’il arrive à quai. « A un moment donné, il y a sa responsabilité dans le fait qu’on doive démolir une partie de la ville. Il a une responsabilité dans le fait que notre ville est dans cet état car il y a incertitude sur son projet depuis quasiment 20 ans. Il est donc temps qu’il agisse dans l’intérêt de Verviers» fait remarquer la Bourgmestre.
Quid dès lors de sa position? « Il a des contacts avec les uns, les autres mais pas avec moi car je ne lui fais plus confiance. Après qui peut encore avoir confiance en lui ? J’ai décidé d’aller le voir, à sa demande et je le rencontre bientôt. »
En attendant, cette première phase de démolition en Spintay devraient durer jusque début novembre