Aujourd'hui, on constate une montée généralisée de l'extrême droite autour de nous (score historique du Rassemblement national en France, alliance avec l’extrême droite PVV de Geert Wilders aux Pays-Bas etc.) Chez nous, en Flandres, le Vlams Belaang gouverne 4 communes malgré l'existence d'un cordon sanitaire. "Depuis les dernières élections, l'extrême droite a fait les plus hauts scores dans l'histoire de la Belgique, rappelle Sibylle Gioe, présidente de la Ligue des droits humains. On voit que les idées d'extrême droite finissent par percoler dans les partis traditionnels. Dans le programme de la N-VA par exemple, il y avait la suspension du droit d'asile, la suspension de la Convention de Genève, c'est évidemment impensable. Cela fait partie du coeur des garanties démocratiques, de respecter les droits humains et en particulier la Convention de Genève qui est née en même temps que toutes ces garanties de droits humains, après la Deuxième guerre mondiale, où on a décidé que les démocraties reposeraient sur l'Etat de droit et les droits humains. Remettre en cause le droit d'asile, qui est créé dans ce moment historique, c'est évidemment un recul en arrière".Le plan du Vlaams Belang contre l'immigration décrié en 1992, accepté aujourd'huiEn 1992, le Vlaams Belang sortait un plan en 70 points pour « résoudre le problème de l’immigration ». Ce plan avait choqué le monde politique, judiciaire et les citoyens, mais qu'aujourd'hui certaines mesures ont été adoptées..."C'est assez impressionnant! Le premier chapitre de ce plan en 70 points, c'est de faire de l'immigration un thème central alors que la population qui provient de l'immigration dans le pays est minoritaire. On parle de 4% de personnes originaires de pays tiers de l'Union européenne. Comment avait imaginé le Vlaams Blok (NDLR aujourd'hui Vlaams Belang)? En faisant un secrétariat d'état à l'asile et à la migration, ça c'est réalisé aux alentours de 2008. Faire une étude sur les coûte de l'immigration, c'est fait. Même si la Banque nationale a dit que la migration, pour autant qu'il y ait des politiques favorables, rapporte. Donc cela n'a pas joué dans le sens du Vlaams Blok. Et un des points était aussi de lutter contre la lutte antiracisme, de supprimer Unia. Et ça, c'est très inquiétant, car on voit que la Flandres s'est retirée d'Unia, on apprend qu'on diminue ses subventions. On voit bien que l'objectif derrière ça, c'est de favoriser les préjugés contre les populations étrangères et de pouvoir justifier des mesures violentes par rapport aux personnes étrangères".La démocratie, un trépiedLa démocratie, explique la présidente de la Ligue des droits humains, c'est un trépied:1.Il faut des élections libres, à échéance régulière. C'est le cas en Belgique MAIS des élections ont été annulées en Roumanie car on a constaté une influence étrangère disproportionnée. 2.L'Etat de droit: l'exercice du pouvoir est encadré par le droit. Si non, le pouvoir est exercé de manière arbitraire. Il faut donc du droit. Il faut aussi que le pouvoir judiciaire puisse contrôler que le gouvernement et ses administrations respectent bien la loi. MAIS depuis 2021, des dizaines de milliers de décisions de justice n'ont pas été respectées par le gouvernement belge et ses administrations. La Cour européenne des droits de l'homme a condamné l'Etat belge pour cette atteinte structurelle à l'Etat de droit. MAIS le pouvoir judiciaire est en sous-effectif et sous-financé. "Il faut à Bruxelles 10 ans, en appel, pour obtenir une décision de justice, explique Sibylle Gioe. Tout ça est dangereux, cela veut dire qu'un de nos piliers du trépied est défaillant". 3.Les droits humains. La démocratie existe car les citoyens ont des droits civils et politiques (droit de manifester, liberté de la presse...) et des droits économiques, sociaux et culturels. Comme le résume Victor Hugo «Comment peut-il penser, celui qui ne peut vivre ? » MAIS il y a eu plusieurs tentatives de museler les journalistes ces derniers temps, notamment à Verviers par rapport à un candidat aux élections. Le principe d'égalité est transversal à tous ces droits humains. MAIS on assiste à une montée des discours et des incitations à la haine, une progression de l'extrême droite.