Les enfants de moins de 12 ans ne peuvent plus exercer qu’une activité par semaine. C’est la décision prise par le dernier comité de concertation en réaction à l’aggravation de la situation sanitaire et la détresse rencontrée chez les jeunes adolescents. Une nouvelle mesure qui chamboule l’organisation des académies de musique qui ne savent plus à quelle muse se vouer.
Audrey Degrange
Une véritable bulle d’oxygène, c’est ce que le conservatoire de Verviers représentent pour la plupart des 1650 élèves qui le fréquentent. Depuis le mois d’octobre, l’établissement fonctionne en code rouge pour leur permettre de suivre les cours en toute sécurité. Une partition jouée jusqu’à présent sans fausse note. « On a un niveau de présence des élèves qui frisent la perfection depuis que le code rouge est en application, explique Bernard Lange, Directeur du Conservatoire de Verviers. Que ce soit les professeurs, les parents ou même les élèves, tous me disent à quel point c’est devenu vital pour eux de mener une vie artistique. Je pense souvent aux élèves du secondaire qui sont seuls à la maison à suivre leurs cours à distance, on se rend compte de l’importance que ça a, pour eux, de venir chez nous. »
Un bien être aujourd’hui remis en question suite à la décision prise par le comité de concertation de limiter les activités extra-scolaires à une seule par semaine plaçant enfants et parents devant des choix cornéliens. « Ici, on enseigne le théâtre, la musique et la danse et pour conserver les bulles de dix, nous avons demandé aux élèves qui suivent plusieurs disciplines de n’en choisir plus qu’une, poursuit le directeur. Et c’est là que le flou intervient car la circulaire parle d’activités et il y a des écoles qui préconisent que peu importe le nombre de cours, c’est une seule activité. Nous, par rapport à la bulle de 10, on a décidé qu’il devait faire un choix donc voilà, l’équilibre est difficile à trouver. »
D’autant plus que normalement, les académies de musique ont un statut d’enseignement. Elles ont donc du mal à comprendre pourquoi elles sont impactées par ces nouvelles mesures. « Comme la ministre le rappelle dans sa circulaire, elle confirme que nous sommes un enseignement à part entière. Elle a même dit auparavant que nous étions un enseignement essentiel mais vu les conditions sanitaires et ces mutants qui débarquent dans les écoles, nous sommes associés à de l’extra-scolaire. C’est subtil mais on sent que tout le monde joue avec les mots et les interprète de plusieurs façons. »
Un manque de consignes claires, un timing qui prend tout le monde de court, Bernard Lange aurait aimé que les décideurs descendent sur le terrain avant de tout changer. « A titre personnel, j’aurais aimé que quelqu’un vienne voir ce que nous avons mis en place. Nous désinfectons tout, nous portons les masques, nous filmons les prestations. Nous n’arrêtons pas de nous ré-inventer, de nous adapter donc oui, j’aurais aimé qu’on voit notre réalité, cela aurait peut-être influencé certaines décisions. »
Sans compter que cette nouvelle adaptation sera déjà ré-évaluée dans une semaine. De quoi rendre fou n’importe quel chef d’orchestre.