Le livre ‘Auto & dessin, Passion & destin’ édité par MGBX Media met sous les feux de la rampe le designer verviétois Paul Breuer. Une juste récompense pour un homme de l’ombre, discret, peu bavard, qui se rappelle dessiner des automobiles depuis son plus jeune âge. « J’ai dessiné tout petit des voitures même au crayon sur le papier-peint et à la craie sur les murs de la maison. A la grande joie de mes parents ! Je me rappelle d’un premier dessin : un corbillard avec un clown devant. Ma mère m’avait demandé : pourquoi un clown ? Pour faire rire les gens qui le suivent avais-je répondu… » se rappelle Paul Breuer.Le déclic Michel VaillantC’est en parcourant les planches d’une célèbre bande dessinée que Paul Breuer s’est convaincu que son avenir, sa vie, allait passer par le dessin. « A 12-13 ans, je lisais Michel Vaillant. Il y avait l’histoire de la création des voitures et ça m’a donné l’idée de faire ce métier ». Dans la foulée d’études réalisées à l’institut des beaux-arts Saint-Luc à Liège, Paul Breuer a tenté sa chance et titillé le destin. Son objectif : rejoindre l’Italie, patrie du design. « Pendant mes vacances, j’ai voulu faire un stage. J’ai envoyé des lettres avec mes dessins à différents carrossiers à Turin. L’un d’eux, Osi, m’a dit que je pouvais venir pendant un mois. De là, tout est parti. Après trois semaines de stage, l’administrateur-délégué m’a proposé de rester chez lui. Et j’ai accepté ! ».Une réalisation offerte à Henri 2Dès cet instant, tout a été très vite pour Paul Breuer, à qui on doit le design de la Fiat 128 Coupé. Sa première réalisation complète pour un grand constructeur. « On m’a donné les dimensions de la voiture pour en faire en une concurrente à la Capri qui , dans sa version 1300 cc, se vendait très bien en Italie. Il fallait faire un coupé qui remplacerait la Fiat 850. On est parti en vitesse car il fallait rattraper le retard. On est parvenu à développer la voiture à l’échelle 1/1. On a fait la maquette. Elle a été présentée et ça a plu », raconte Paul Breuer. Paul Breuer a également réalisé un nombre important de concept-cars, ces ébauches aux allures futuristes pouvant préfacer l’évolution stylistique d’une marque ou d’un modèle. Une de ses réalisations a même été offerte à Henri Ford 2. « C’était la Megastar II sur un châssis de la Ford Taunus inspiré de la première Megastar mais plus orientée vers la production. Mais elle n’a jamais été produite ».Pas que des voituresSi Paul Breuer aime dessiner des voitures, il en a aussi magnifié certaines. Notamment pour les besoins de la compétition. Il en va ainsi des impressionnantes BMW 3.0 CSL préparées par le sorcier Luigi, dont le Verviétois a imaginé des livrées devenues légendaires, à l’image de celle-ci…Et puis, dans la vie artistique de Paul Breuer, il n’y a pas eu que des automobiles. « J’ai dessiné des bateaux, des intérieurs d’avion, des hélicoptères, des gares et des cabines téléphérique, un train, des intérieurs de trams ».Si aujourd’hui, il dessine encore pour le plaisir, Paul Breuer avoue avoir un regard perplexe sur le design des automobiles actuelles. « Je trouve que maintenant, on exagère. Les voitures sont hautes, grosses et on essaie de remplir les espaces avec un tas de chromés et de plastiques. Ca devient une cacophonie. Et je n’aime pas ! »Ainsi fut la vie de Paul Breuer, gamin de Verviers qui a fait carrière chez les plus grands du design, sans perdre une once de sa malice et de cette envie de rendre la vie… plus belle !