Tout le monde a encore en mémoire ces images d’une vidéo à priori choquante de ce cycliste qui jette à terre d’un coup de genou une gamine de 4 ans pour se frayer un passage sur un chemin des Fagnes, le jour de Noël. Une vidéo qui a fait l’objet d’un emballement sur les réseaux sociaux, suscitant pas mal de propos haineux et même vengeurs et obligeant le Parquet à diffuser un appel à témoin national, comme pour les actes criminels. Devant ce déferlement, le cycliste s’est fait connaître spontanément à la police, où il fut retenu pendant toute une nuit.
Avec une célérité étonnante pour une affaire de cette importance, celle-ci a été l’objet d’un procès au tribunal correctionnel où le cycliste, Jacques, un Jalhaytois de 61 ans, est poursuivi pour coups et blessures volontaires. Et où il s’explique : « je fais du VTT depuis 35 ans, j’ai parcouru 160.000 km et je n’ai jamais renversé personne. Ce jour là, lorsque j’ai vu l’enfant et sa mère qui bouchait le chemin, j’ai averti avec un klaxon qui fait quand même 120 DB (et qu’on entend très bien sur la vidéo tournée par le père de l’enfant). J’ai bien vu qu’ils ne réagissaient pas, et j’ai estimé que j’avais la place pour passer. Mais mon vélo a dérapé et j’ai eu le réflexe d’écarter le genou, un réflexe normal en cyclisme. J’ai senti que j’effleurai la gamine, mais je n’ai pas vu qu’elle tombait par terre. Un peu plus loin, j’ai vu le père en colère qui vociférait, je me suis tourné et j’ai vu l’enfant qui était debout et marchait normalement. Mais devant l’attitude menaçante du père, j’ai préféré partir pour ne pas envenimer les choses. Je lui ai ensuite téléphoné pour m’excuser, mais il m’a ri au nez. Je suis allé alors me présenter spontanément à la police de Verviers, après avoir été crucifié sur les réseaux sociaux. Je tiens à dire que j’ai été responsable d’une école de jeunes d’un club de VTT, et que j’ai toujours été respectueux des piétons. »
Par contre, pour le ministère public, la vidéo projetée à l’audience montre bien qu’il s’agit d’un acte volontaire émanant d’un homme sans doute agacé par le nombres de gens qu’il rencontrait sur son chemin, et qui constitue une infraction pénale. Il ne formule cependant pas de demande de sanction.
La défense de son côté tient à démontrer le caractère involontaire de son geste, un réflexe d’ailleurs authentifié par des pros du VTT. Elle demande l’acquittement de Jacques pour des poursuites qu’elle estime surprenantes et même démesurées, le parquet marchant sur la tête en participant à la curée médiatique. « Tout en dans l’intention, et celle-ci n’est pas démontrée » plaide son avocat.
Jugement le 3 mars (L.B.)