Un couple de Disonais, propriétaires d’une douzaine d’immeubles à Verviers, était poursuivi devant le tribunal correctionnel de Verviers, sous la prévention de "traite d’êtres humains". On lui reprochait en effet d’avoir mis en location quatre immeubles déclarés inhabitables par la ville de Verviers, et ainsi d’avoir mis à disposition de personnes vulnérables un bien immeuble contraire à la dignité humaine. Dont ce fameux immeuble du 32 rue de la Colline, rendu célèbre par les évènements du 15 janvier 2015, et où planquaient des terroristes prêts à fomenter un attentat.
Au tribunal, le Disonais s’est défendu d’être un marchand de sommeil. « Avec ma femme, nous avions décidé de changer de vie en nous lançant dans l’immobilier. Nous avons acheté ces immeubles au fil des ans. Nous nous efforcions d’offrir un logement propre aux gens, et nous n’avons pas entassé les gens dans des espaces exigus. Mais nous avons été dépassé par les soucis financiers, notamment après les événements de 2015 où le bâtiment est resté vide très longtemps, et aussi parce que des locataires ne payaient pas leur loyer ou charges, ou avaient dégradé les lieux. Et les normes urbanistiques imposées par la Ville de Verviers étaient sans cesse changées et durcies. Pour nous, c’était une question de survie de louer ces immeubles. »
Un discours que contestait le ministère public qui évoque les constats réalisés : pas de baux ni d’états des lieux, immeubles dégradés, absence de chauffage dans un des immeubles, réseau électrique dans un état déplorable, humidité partout, crasses, rats etc.. Et les locataires étaient tous des personnes vulnérables qui n’avaient guère le choix, en majorité des étrangers en séjour illégal. Il réclamait un an de prison pour l’homme, 6 mois pour la femme. Mais la défense réclamait l’acquittement des prévenus, au motif qu’un des critères au moins de la prévention n’était pas rencontré, celui d’avoir fait un profit anormal. Les loyers se situaient entre 300 et 400 euros, charges comprises. Ils n’ont pas cherché à exploiter des gens, mais leur rêve s’est écroulé et le bateau a coulé, surtout par inexpérience. Ils ont aujourd’hui tout perdu, et sont assez punis comme ça.
Le tribunal a cependant jugé que dans certains cas, notamment les immeubles rue du Palais et rue de la Colline, ils avaient clairement abusé de la vulnérabilité des gens et mis des biens en location incompatibles avec la dignité humaine. Tenant compte qu’ils s’étaient mis eux-mêmes dans une situation inextricable, il les condamne chacun à 120 h de travail (ou un an de prison) mais surtout à 96.000 € d’amende chacun et à une confiscation de 15.000 euros. Heureusement pour eux avec sursis en ce qui concerne l’amende. (L.B.)