C’est détenu que Jacques (prénom d’emprunt), 24 ans, sans domicile connu, avait comparu devant le tribunal correctionnel accusé de viols répétés sur deux de ses plus jeunes sœurs. Lorsqu’elles avaient quel âge ? C’était tout l’objet du débat judiciaire.
Car Jacques réclamait son acquittement du fait qu’il était encore mineur au moment de certains faits litigieux, qu’il qualifie de jeux consentis, mais pas plus. Il niait fermement tout acte de pénétration. Il affirmait en outre que ces faits ont commencé lorsque ses sœurs avaient 9 et 10 ans, et se sont arrêtés alors qu’il avait 16 ans.
Ce n’est pas ce que disent ses deux sœurs qui ont dévoilé les faits à leur père lors d’un conflit familial. Elles affirment en effet qu’elles avaient environ 12-13 ans au début des faits, qui ont continué jusqu’à la Noël 2017. A ce moment, Jacques avait 19 ans !
Mais Jacques lui-même a confirmé à la police les dires des gamines et avoué des pénétrations anales pour ne pas les mettre enceintes. « J’ai dit cela parce que j’en avais marre d’être en cellule et de ne recevoir que de l’eau et des gaufres ». Des aveux qu’il a confirmés devant le juge d’instruction, pourtant.
Pour les parties civiles, sa défense ne tient pas la route une seconde, si on étudie minutieusement la chronologie du dossier. Pour le ministère public, il y a les faits précis et détaillés par les deux victimes, qu’un expert estime crédibles. Il en tirait un profil inquiétant d’un homme complètement dans le déni. « Il faut absolument mettre un coup d’arrêt à son parcours criminel ». C’est pourquoi il réclamait 5 ans de prison.
Son avocate de son côté réclamait son acquittement, en s’attachant à démontrer que rien ne prouve des faits commis au-delà de sa minorité, et que Jacques est donc passible du seul tribunal de la Jeunesse. Mais le tribunal a estimé les faits établis, et l’a condamné à 4 ans de prison, dont deux ferme et deux avec sursis probatoire (L.B.)