Avec la Dolomite signée Triumph, on se trouve face à une berline que le constructeur britannique allait rendre plus méchante via la version Sprint à mécanique 16 soupapes. L'objectif était ambitieux : concurrencer BMW et une certaine 2002 !
Fondée en 1885 et pratiquant la vente de motocyclettes importées en Europe, la Triumph Motor Company est passée à l’automobile dès le début des années ‘20. C’est au cours des décennies ’50 et ’60 que le constructeur britannique allait connaitre sa période dorée, avec des modèles tels que les TR3, TR4, Stag, Herald, mais aussi la Spitfire, roadster rustique, économique et amusant…
A l’aube de la décennie ’70, au sein de la gamme Triumph, c’est un peu tarabiscoté. La 1500 vient de remplacer la 1300, tandis que la Toledo, qui se présente sous la forme d’une 1300 à deux portes, fait office d’entrée de gamme. Et encore, on ne vous parle pas de l’anecdotique Toledo 1500, à la diffusion limitée. Apparait ensuite la 1500 TC, au design enfin plus sexy et au train arrière plus moderne.
Une ligne très british
Ce qui nous amène… enfin, à la Dolomite, Présentée en 1972, elle se distingue par son niveau de performance plus élevé. Dès son entrée en scène, elle est équipée d’un 4 cylindres de 1854cc, donné pour une puissance de 91 chevaux. Et à l’aube des seventies, 91 chevaux, c’est appréciable ! Si la Dolomite conserve une ligne très… british, le coup de crayon est néanmoins italien. Comme souvent, d’ailleurs ! C’est Giovanni Michelotti qui s’est chargé de dessiner la belle, avec une ligne totalement en phase avec la décennie. Oubliés les courbes et les galbes des années ’60, place à quelque chose de plus ‘carré’ ! Et très réussi…
Comme si cela ne suffisait pas, Triumph décidait alors de coiffer sa gamme d’une Dolomite Sprint, apparue en 1973. Sous le capot, un 2 litres à 16 soupapes faisait passer la puissance à 127 chevaux ! De quoi permettre au modèle d’abattre le 0 à 100 km/h en à peine plus de 9 secondes !
En passant, signalons qu’avec cette mécanique à 16 soupapes, British Leyland, propriétaire de Triumph, avait vu très clair, dès l’instant où ce type de moteurs allait clairement devenir la norme pour les sportives dans les années… 90 ! Constituant une réponse idéale aux moteurs turbocompressés.
Sportive idéale ?
L’équipement de la Dolomite Sprint était à l’avenant, et jouait à fond la carte sportive : la ligne gagnait en agressivité, avec notamment de très belles jantes de caractère, une calandre quatre phares, un petit spoiler avant, une poupe noire, un toit en vinyle, etc. En fait, pour les décideurs de Triumph, l’objectif était clair : concurrencer une certaine BMW 2002 qui se présentait comme la sportive par excellence ! Rien que ça…
Pas étonnant dès lors que la Dolomite Sprint allait se distinguer en compétition, notamment dans le cadre de courses pour voitures de tourisme. Des pilotes tels que René Metge, Jean-Pierre Jaussaud et Jean-Louis Lafosse allaient en assurer la renommée et le palmarès, face aux 2002, évidemment, mais aussi aux Ford Escort Mk1 et Mk2, Ford Capri et autres Opel Commodore.
De sportive de la gamme, la Dolomite allait devenir, dès 1976, une appellation générique. Avec une Sprint devenant la sœur turbulente des Dolomite 1300, 1500, 1500 HL et 1850 HL. Cette fois, on y voyait enfin plus clair…
Et pour Triumph, le succès allait être au rendez-vous, avec, depuis le lancement de la 1300, plus de 560.000 voitures produites. La Sprint sera même considérée par certains comme la sportive idéale pour ceux qui ont un jour roulé en Mini Cooper, qui se sont mariés et ont fondé une famille. Ou comment joindre l’utile à l’agréable… Les Dolomite ne sont néanmoins pas toutes arrivées jusqu’à nous ! Au cœur des années ’70, les carrosseries des automobiles, y compris les anglaises, étaient fragiles et très sensibles à la corrosion. Quant à la qualité de fabrication, elle était quelque peu limitée. Il est vrai qu’à l’époque, la situation financière de Triumph n’était pas fabuleuse, et tout prétexte à économie était le bienvenu ! Résultat : nombreuses sont les Dolomite qui n’ont pas passé le cap.
Aujourd’hui, la version Sprint de la Dolomite est la seule qui conserve une cote continuant de grimper. Mais attention à l’état de la voiture qui titille votre curiosité, car toutes les Triumph ayant atteint le cap du demi-siècle ne sont pas dans un état aussi impeccable que la version présentée ici.
La fin de l’histoire de la Dolomite correspond aux premières heures des années ’80. Le modèle sera remplacé par l’Acclaim, développée en collaboration avec Honda. Un modèle sans réel caractère, qui sera d’ailleurs le tout dernier de la marque sur le front de l’industrie automobile.