Ford Popular ou l'histoire d'une inattendue popularité

par
|

C'était juste après la seconde guerre mondiale. Le marché automobile tournait au ralenti, les voitures de deuxième main étaient rares, et Ford décidait de faire du neuf avec du vieux pour permettre à une partie de la population de malgré tout acquérir une automobile. La Popular faisait son apparition en 1953, reposant sur une base datant de... 1932 ! Chronique d'un modèle à l'étonnante histoire.

Dans l’imaginaire collectif, la Ford Anglia, c’est une voiture qu’il convient de considérer comme un best-seller des Golden Sixties. De fait, la 105A a été produite à plus d’un million d’exemplaires, rencontrant un vif succès avec sa lunette arrière renversée et son moteur Kent dont on allait beaucoup reparler par la suite. Mais la carrière de l’Anglia, c’est beaucoup plus tôt qu’elle a débuté. Avant même la fin de la seconde Guerre Mondiale. Et lorsque cette première génération a cédé sa place à une deuxième, baptisée 100E, Ford a décidé de prolonger la vie de son premier millésime…

 

Ce qui signifie qu’en lançant la Popular en 1953, le constructeur américain a en fait proposé une voiture sous forme d’alternative moins onéreuse en ces années d’après-Guerre. Et pour faire moins cher, il faut se servir de ce qui existe déjà. La Popular, clairement badgée Anglia sur son capot moteur, est donc basée sur l’Anglia d’avant-guerre, badgée E494A, qui était déjà elle-même un lifting de la série précédente. En un mot comme en cent, la Popular de 1953 repose sur une automobile qui a été présentée en… 1932, et qui a plusieurs fois évolué par la suite. Pas de doute, à l'époque, les constructeurs avaient pour habitude de rentabiliser les modèles…

Notre Ford Popular n’avait donc rien de révolutionnaire côté ligne, bien au contraire ! A l’aube des années ’50, elle affichait clairement un look connu et reconnu, qui en faisait une valeur sûre. L’objectif n’était donc pas de défrayer la chronique en jouant la carte de la nouveauté, mais de rendre cette modeste automobile la plus accessible possible. Un concept maintes fois utilisé par la suite, par d’innombrables marques.

Et puis, durant les années de guerre, la production automobile avait cessé. Ce qui signifie qu’à l’aube de la décennie suivante, les voitures de deuxième main étaient franchement rares. De quoi inciter Ford a proposer un modèle venant compléter une gamme comprenant de vraies nouveautés. Une voiture basique à souhait, mais payable…

Sous le capot de cette Popular qu’il convient de qualifier de mignonne, on trouve un 4 cylindres de 1172cc affichant une modeste puissance de 30 chevaux. Boîte de vitesses à trois rapports, freins à câble, le modèle était clairement qualifié de rudimentaire. Un seul essuie-glace, chauffage et désembuage inexistants, starter manuel, refroidissement du moteur basique, garnitures réduites à leur plus simple expression, tableau de bord plat en acier remplaçant la version en bakélite de l’Anglia, tout a été mis en œuvre par Ford pour rendre sa populaire la plus accessible possible.

Alors non, cette Ford nous arrivant du début des Fifties n’est pas la plus sexy des autos de l’époque. Il n’empêche, plus de 70 ans plus tard, sa simplicité et sa sobriété la rendent tout simplement immanquable dans la circulation actuelle. Au beau milieu des rutilants SUV pullulant sur nos routes, une Ford Popular, c’est un peu comme un revenant, un fantôme qui aurait décidé d’oublier les règles de la discrétion ! A son passage, le passant ou l’automobiliste sourit, sans doute nostalgique d’une époque où tout n’arrivait pas tout de suite…

Produite à plus de 155.000 exemplaires, la Popular était proposée à 390 livres sterling, soit trois-quarts du prix d’une Anglia 100E, d’une Austin A30 ou d’une Morris Minor, qui étaient les petites autos britannique de l’époque. Pour cette somme, le propriétaire pouvait atteindre la vitesse de 97 km/h, pour une consommation inférieure à 10 litres au 100 kilomètres.     

Si les Anglais sont restés très friands de la Ford Popular, c’est parce qu’elle a servi de base, dès la fin de la décennie ’50, à bien des transformations, selon la mode des Hot-Rods arrivée des Etats-Unis ! Là-bas, c’est la Ford 1932 Modèle B/18 qui était privilégiée par les amateurs de petites autos légères transformées en voitures de course. En Europe, c’est la Popular, souvent appelée Ford Pop, qui s’y est collée.

Le constructeur Ford n’a donc sans doute jamais imaginé que sa Popular allait devenir à ce point… populaire ! Mais il est bien connu que l’histoire de l’automobile regorge de ce type de scénario imprévu… et tellement délicieux !


Sur le même sujet

Recommandations

Image
Le pouvoir du cuir : la renaissance des voitures signée Marilyn

Le pouvoir du cuir : la renaissance des voitures signée Marilyn

L’automobile évolue sans cesse mais l’artisanat, le vrai, ne disparaîtra jamais. Direction Juprelle, chez Marilyn, sellière automobile. Ici, chaque point de couture raconte une histoire.
Image
Mobil'idées au centre «multiexpérience» GRIDX à Wickrange

Mobil'idées au centre «multiexpérience» GRIDX à Wickrange

Pour ce dernier numéro de l’année 2025 de Mobil’idées, direction GridX à Wickrange, à deux pas d’Esch-sur-Alzette.
Image
DS N°8 : l’électrochoc du luxe français

DS N°8 : l’électrochoc du luxe français

DS électrise le marché avec la N°8 : mi-berline, mi-SUV, silhouette fastback et style provocateur. Silence, confort et autonomie jusqu’à 750 km pour un voyage hors du commun. Le luxe français n’a jamais été aussi électrisant
Image
" La pollution d'un véhicule oldtimer est tellement infime... "

" La pollution d'un véhicule oldtimer est tellement infime... "

Retour aux sources ce mois-ci dans le MobilityStudio puisque Damien Deroanne a retrouvé la Fiat 500 Giardiniera qu’il utilisait dans les tout premiers numéros du MobilityStudio.
Image
Opel GT : l’icône rebelle des Golden Sixties

Opel GT : l’icône rebelle des Golden Sixties

Née en plein cœur des Golden Sixties, l’Opel GT surgit comme le petit coupé que personne n’attendait. Ligne sensuelle façon bouteille de Coca-Cola, icône des années ’70, cette sauvageonne au blitz reste l’une des plus séduisantes réussites d’Opel.
Image
Budget 2026 : la Province de Liège vise l’équilibre, malgré les incertitudes

Budget 2026 : la Province de Liège vise l’équilibre, malgré les incertitudes

Selon le tout premier thermomètre du développement publié par le Comité européen des régions, la Province de Liège figure parmi les rares territoires en Europe à afficher des indicateurs socio-économiques positifs sur l’ensemble des domaines mesurés.
Image
Laurent Dethier (L'Auberge à Spa): "L'Horeca souffre depuis des années"

Laurent Dethier (L'Auberge à Spa): "L'Horeca souffre depuis des années"

La hausse de la TVA sur les nuitées d'hôtels, de 6 à 12%, a surpris tous les acteurs hôteliers, chez nous aussi. Une mesure qui s'ajoute aux difficultés rencontrées dans le secteur depuis les années Covid.
Image
L'Album: Jean-Philippe Legrand

L'Album: Jean-Philippe Legrand

Retrouvez Urbain Ortmans dans son émission l’Album. Il reçoit chaque semaine une personnalité ayant une actualité dans la région et retrace son parcours à l’aide de photos personnelles.
Image
Epistème - Peut-on vivre dans 15m² ? La Tiny House

Epistème - Peut-on vivre dans 15m² ? La Tiny House

Pourrais-tu vivre confortablement dans 15m² ? Arnaud t'explique tout sur des tiny houses.
Image
Armand Marchant: les coulisses d'un podium

Armand Marchant: les coulisses d'un podium

Pour ce premier épisode, Armand Marchant pose les skis… et parle enfin de ce qu’on ne voit jamais.
Image
Le Match, P2C : Franchimont - Stade Verviétois B

Le Match, P2C : Franchimont - Stade Verviétois B

L'intégrale d'un match de foot d'un club de votre région
Image
Vision Sports

Vision Sports

Résumé de l'actualité sportive du week-end
Image
7en1

7en1

Compilation des reportages diffusés dans le journal télévisé tout au long de la semaine.
Image
La semaines en signes

La semaines en signes

Condensé de l'actualité de la semaine, en langue des signes
Image
Friches urbaines, le pari de la reconversion !

Ca vous concerne !

Une émission produite en collaboration avec Geoffrey Grandjean, chef du service de science politique de l’ULiège, qui est d’ailleurs à la co-présentation avec un(e) journaliste de la rédaction.