Ce 19 juin, le Conseil européen se réunit pour rediscuter d’une nouvelle proposition de budget pluriannuel de l’Union européenne pour la période 2021- 2027. En parallèle, de nombreux agriculteurs se sont rassemblé à travers la Belgique pour taper du poing. C’était le cas notamment au rond point des vaches de Battice où une dizaine d’agriculteurs se sont rassemblés.
Le but de l’action est d’empêcher une réduction de 11% des aides européennes. "En parallèle, les agriculteurs européens sont en concurrence directe avec d’autres pays où les normes ne sont pas les mêmes. C’est de la concurrence déloyale, car ils ne sont pas soumis aux mêmes conditions sanitaires, environnementales et sociales. Si on diminue en plus nos aides, ce n’est même plus la peine de continuer à espérer une agriculture européenne de qualité", explique Benoit Geron, un agriculteur de Charneux.
En effet, ils sont soumis à de plus en plus de normes. Ils doivent toujours réinvestir pour se remettre à jour. Pendant ce temps, les imports se multiplient en Europe, notamment depuis les pays d’Amérique du Sud.
Un paradoxe européen
Après s’être démené pour produire de la nourriture en pleine crise sanitaire, les agriculteurs se sentent abandonnés. Ce qu’ils mettent en avant, c’est la différence entre ce que l’Europe veut, une agriculture européenne de qualité, et ce qu’elle donne pour que ce soit fait, de moins en moins selon les prévisions.
Le constat est clair : à force de diminuer les aides qui leurs sont accordées, à force d’importer de plus en plus de produits qui ne correspondent pas à nos normes environnementales et sociales, nos agriculteurs affirment qu’ils finiront par jeter l’éponge.
Agriculteur, un métier fondamental en déclin
Aujourd’hui, un agriculteur sur 15 a moins de 35 ans. Autant dire que la relève n’est pas assurée.
À Thimister-Clermont, la famille Royen élève du bétail depuis plusieurs générations. Même dans une des plus vieilles exploitations de la région, le futur semble incertain. "Moi, à 53 ans, je ne risque plus grand chose. Mais le jeune qui voudra me succéder, il faudra probablement qu’il réinvestisse... Avec les aides qui diminuent et les prix qui baissent, ce sera encore plus compliqué de joindre les deux bouts", s’attriste Christian Royen.
En 37 ans, 7 exploitations agricoles sur 10 ont mis la clé sous la porte en Belgique selon l’office belge de statistique. La Fédération Wallonne de l’Agriculture (FWA) met en garde : "Si ce budget est voté, l’Europe anéanti toutes les perspectives d’avenir du monde agricole."