Alors que la COP 26 tourne en eau de boudin pour la Belgique, il y a quand même des accords internationaux qui ont été discutés et avalisés, comme la réduction de 30% des émissions de méthane, puissant gaz à effet de serre, lui aussi. Il n’y a donc pas que le CO2 qui est pointé du doigt dans le cadre du réchauffement climatique. Il y a donc aussi les vaches, grosses émettrices de méthane, qui sont dans le viseur des activités. Il suffirait de manger moins de viande pour sauver la planète. Un peu simpliste, évidemment, alors que l’agriculture familiale de notre région prend déjà, à son niveau, différentes mesures pour inverser la tendance du réchauffement. Reportage dans un prairie pâturée par des holstein.
« Dès qu’il y a une activité humaine, il y a création de pollution. Alors, ici, en agriculture, oui, les vaches polluent, elles produisent du méthane », reconnait, sans langue de bois, Christine Gonay, agricultrice bio sur les hauteurs de Géromont (Malmedy) et également présidente de la Fédération wallonne de l’agriculture, la FWA, pour la province de Liège. Mais les vaches, et l’agriculture familiale en général, ne font pas que polluer, heureusement.
« En contrepartie, les vaches nous donnent de la nourriture, du lait, de la viande tout en pâturant l’herbe. Ici, dans les communes de Malmedy, Waimes, tout l’est de la Belgique, ce sont essentiellement des prairies. Des prairies qui captent le carbone, et ça c’est essentiel. L’herbe va capter le carbone qui est dans l’air et le réintégrer dans le sol. Voilà pourquoi il faut maintenir les prairies qui jouent un rôle essentiel, plutôt que le fauchage intensif. La vache va transformer l’herbe en lait, mais en plus les déjections sont réutilisées pour nourrir le sol. C’est donc un cercle vertueux. On ne peut pas supprimer cette chaîne-là, sinon qu’est-ce qu’on ferait de nos prairies ? Laisser pousser des forêts, des buissons ou des sapins de Noël ? », ironise Christine Gonay.
Steak haché américain?
Pourtant, pour certains activistes, réduire, ou même carrément supprimer, la consommation de viande sauverait la planète. « Moi, je dirais manger du local. Ces sociétés environnementales disent effectivement de manger moins de viande ou plus du tout, mais elles ne disent jamais mangez de la viande locale, qui est de qualité, plutôt qu’un steak haché qui vient peut-être des Etats-Unis. »
Le problème c’est que jusqu’ici, il n’y a pas de récupération à grande échelle de ce fameux méthane, gaz à effet de serre, qui a aussi une espérance de vie dans l’atmosphère dix fois moins longue que le CO2.
« La recherche tente de trouver des solutions pour réduire cette production de méthane, comme des algues marines à ajouter avec les aliments, mais les vaches n’en raffolent pas. Nous, dans le secteur, on est en tout cas demandeurs de solutions. »
Mais pour l’agricultrice malmédienne, qui connait de fait bien le milieu, les agriculteurs eux-mêmes font déjà énormément, dans leur propre exploitation, pour réduire leur empreinte écologique. « J’ai moi-même un système de récupérateur de chaleur du lait, qui sert notamment à chauffer l’eau distribuée aux vaches dans l’étable ou pour nettoyer par exemple. Comme d’autres, on a aussi une citerne d’eau de pluie, un autre agriculteur a fait installer une éolienne, un autre qui vient de rénover son étable vient d’installer des batteries pour être autonome en électricité, etc. »
Les rots, plus que les vents...
Pour être complet, on précisera que ce ne sont pas les pets des vaches qui produisent le plus gros du méthane, mais la rumination, et donc plutôt les rots de ces majestueuses holstein, ici. En précisant encore que la plus grosse part du méthane à effet de serre provient de sources naturelles, de la fermentation des points d’eau, des sols, ou encore des déchets. Mais aussi de l’extraction de fuel fossile. Rien ne sert de tirer sur les vaches, mais plutôt de se poser les bonnes questions pour induire les bons gestes du quotidien. (O.T.)